Ils sont souvent anonymes, parfois oubliés, mais toujours en première ligne. Les Casques bleus des Nations Unies, déployés dans les zones les plus hostiles du monde, sont au cœur d’une mission humaniste essentielle : maintenir la paix, protéger les civils et accompagner les nations vers la stabilité. Ce 29 mai, la planète leur rend hommage lors de la Journée internationale des Casques bleus, une commémoration instaurée en 2002 par l’Assemblée générale des Nations Unies.

La date n’est pas anodine. Elle marque la création, en 1948, de la toute première mission onusienne de maintien de la paix : l’Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve (ONUST), lancé après la guerre israélo-arabe. Depuis, plus d’un million de Casques bleus ont servi sous le drapeau bleu, et plus de 4 200 y ont laissé leur vie. Des sacrifices immenses, pour une paix souvent fragile.

Le Sénégal, sentinelle de la paix mondiale

Depuis son indépendance, le Sénégal s’est hissé parmi les nations les plus actives au sein des opérations de paix. Selon la Direction de l’Information et des Relations Publiques des Armées (DIRPA), près de 60 000 hommes et femmes sénégalais ont participé à plus de 50 missions de l’ONU. Leur expertise, leur discipline et leur bravoure sont reconnues dans les couloirs des Nations Unies.

Des soldats, mais aussi des policiers et des civils sénégalais ont brillé sur tous les continents : au Mali, en Centrafrique, en Haïti, au Kosovo, ou encore en République Démocratique du Congo. La Police nationale sénégalaise, de son côté, déploie des contingents depuis les années 90. Aujourd’hui, elle envoie des unités constituées (FPU) hautement spécialisées dans la gestion des foules, la protection des civils et le soutien aux autorités locales dans les zones de conflit.

Le Sénégal est régulièrement cité parmi les dix premiers contributeurs africains aux opérations de maintien de la paix de l’ONU. En 2024, plus de 1 500 agents de sécurité sénégalais étaient encore déployés sur le terrain.

Capitaine Mbaye Diagne : un héros éternel

Parmi les figures emblématiques du maintien de la paix, le Capitaine Mbaye Diagne reste une légende vivante de courage et d’humanité. Né à Coki en 1958, cet officier sénégalais a marqué l’histoire pour avoir sauvé, au péril de sa vie et sans armes, plusieurs centaines de civils lors du génocide rwandais de 1994. Il meurt tragiquement le 31 mai 1994 à Kigali, tué par un éclat d’obus.

Pour honorer ce sacrifice exceptionnel, l’ONU crée en 2014 la Médaille Capitaine Mbaye Diagne pour le courage exceptionnel, remise aux Casques bleus ayant accompli des actes héroïques. Une distinction rare, à la hauteur de la grandeur morale de ce « jambaar », ce brave dont la mémoire inspire encore.

Un engagement qui questionne l’avenir

Si la reconnaissance est bien présente, elle ne suffit plus. Cette journée est aussi un appel à renforcer les moyens politiques, financiers et logistiques des missions de maintien de la paix. À l’heure où ces opérations font face à des coupes budgétaires et à une montée du scepticisme, l’engagement des Casques bleus mérite plus que des hommages : il exige des actions concrètes.

Car derrière chaque uniforme bleu se cache un être humain prêt à tout donner pour une paix qu’il ne connaîtra peut-être jamais dans son propre pays. Et comme le rappelle la DIRPA, le Sénégal ne faiblira pas dans cette mission. L’esprit du capitaine Mbaye Diagne veille, et son sacrifice demeure un phare dans la nuit des conflits.