
ARTICLE 80, RÉFORMES ET RESPECT DES INSTITUTIONS : L’APPEL DE FADILOU KEÏTA À UN SURSAUT RÉPUBLICAIN

Invité de l’émission Champ contre Champ sur la RTS, Fadilou Keïta, Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), s’est exprimé avec clarté sur les enjeux du dialogue national clôturé le 4 juin dernier, insistant sur la nécessité de consolider les réformes institutionnelles et de restaurer l’autorité républicaine.
S’il salue l’ouverture du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko à maintenir un climat de dialogue, Fadilou Keïta souligne que les concertations doivent désormais déboucher sur des actions fortes pour stabiliser durablement le cadre institutionnel. Il plaide pour des réformes « sacrées et prioritaires », rendues irréversibles dans le temps, à travers des lois ancrées dans l’administration et les secteurs stratégiques.
Le rappel au droit face à la dérive des discours publics
Au cœur des débats, la question de l’article 80 continue de diviser. Cet article punit de trois à cinq ans d’emprisonnement « les manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique ou occasionner des troubles politiques graves ». Il s’agit là du fondement juridique de l’infraction qualifiée d’atteinte à la sûreté de l’État.
Face aux propos parfois haineux ou diffamatoires à l’encontre des institutions, Fadilou Keïta s’insurge :
« Il faut arrêter les abus, que ce soit quelqu’un qui est avec nous ou contre nous. Le président est la plus haute autorité de ce pays. »
Il convient toutefois de rappeler, sur le plan juridique, que l’offense faite au Président de la République relève en réalité de l’article 254 du Code pénal, distinct de l’article 80. Cet article 254 prévoit une peine de six mois à deux ans d’emprisonnement et une amende en cas d’offense au chef de l’État, infraction parfois qualifiée de « crime de lèse-majesté ». Ainsi, contrairement à certaines confusions fréquentes dans le débat public, l’article 80 ne traite pas de l’outrage au président, mais bien des atteintes graves à l’ordre public.
Une justice équilibrée et des réformes consolidées
Abordant également les débats autour de la création d’un juge des libertés, Fadilou Keïta marque son accord sur le principe, tout en appelant à éviter les antagonismes institutionnels : « Le juge des libertés ne doit pas être en opposition avec le procureur de la République. »
Pour lui, il est essentiel que les réformes en cours renforcent l’équilibre des pouvoirs, sans créer de tensions internes à l’appareil judiciaire. L’objectif est clair : bâtir une République plus solide, respectueuse des libertés, mais ferme face aux dérives.