La 37e édition du Bamba Day s’est tenue aux États-Unis avec éclat, mêlant ferveur religieuse, diplomatie sénégalaise et engagement communautaire. Organisée à New York puis à Washington, la célébration dédiée à Cheikh Ahmadou Bamba a une fois de plus révélé l’importance croissante de la confrérie mouride dans la diaspora sénégalaise, mais aussi dans la diplomatie spirituelle du pays.

À New York, le Bamba Day a coïncidé avec une réunion ministérielle aux Nations Unies sur la Palestine, offrant à la ministre de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, Yassine Fall, l’occasion d’associer son déplacement à cet événement religieux. En marge de la rencontre onusienne, elle a échangé avec Serigne Mame Mor Mbacké Mourtada, soulignant le rôle central de la communauté mouride dans l’accueil et l’insertion des Sénégalais nouvellement installés aux États-Unis.

« Le Bamba Day incarne non seulement un islam de tolérance et de solidarité, mais également une vitrine de notre diplomatie religieuse », a déclaré la ministre. Elle a rappelé le rôle historique du Sénégal, depuis les années 80, en tant que coordonnateur du comité des Nations Unies pour les droits inaliénables du peuple palestinien, saluant notamment la reconnaissance de l’État de Palestine par la France et d’autres pays européens.

À Washington, la célébration s’est poursuivie avec ferveur, marquée par une proclamation officielle des autorités municipales, renouvelant un acte de reconnaissance vieux de 33 ans. Cette étape du Bamba Day a aussi été l’occasion d’annoncer un projet structurant : la construction d’un complexe islamique initiée par la Fondation Khadimou Rassoul North America. D’un coût estimé à 1,5 million de dollars (près d’un milliard de francs CFA), le projet sera érigé sur un terrain déjà acquis, pour un budget initial de 200 000 dollars.

L’ambition va au-delà du simple édifice religieux. Selon Mouhamadou Manel Fall, petit-fils de Mame Cheikh Ibrahima Fall et conférencier du jour, il s’agit de faire de Touba un modèle urbain inspiré de la Mecque. Il a plaidé pour une relecture du Magal sous un angle économique et stratégique : « On parle d’un impact économique global de 400 milliards FCFA avec une participation majoritairement jeune (âge médian de 28 ans) et 52 % de femmes », a-t-il souligné, invitant à repenser l’organisation de la ville sainte de Touba à l’échelle mondiale.

La participation de figures religieuses venues d’autres foyers confrériques du Sénégal a renforcé l’image d’une diaspora soudée, unie dans la diversité spirituelle. Le Bamba Day 2025 aura ainsi non seulement ravivé l’héritage de Cheikh Ahmadou Bamba, mais aussi mis en lumière les dynamiques d’un islam sénégalais ouvert, tolérant, influent — et résolument tourné vers l’avenir.