Le secteur cinématographique sénégalais vient de franchir une étape majeure vers sa professionnalisation. Mercredi dernier, le ministère de la Formation professionnelle et technique a officiellement validé cinq référentiels de formation dédiés aux métiers du cinéma et de l’audiovisuel, marquant une avancée significative dans l’intégration des jeunes talents au dispositif national de formation.

Une reconnaissance longtemps attendue

“Le monde du cinéma n’a pas eu, depuis des années, la place qu’il mérite dans la formation professionnelle et technique. C’est pourquoi la validation de ces cinq référentiels est un moment fort”, s’est félicitée Mme Mame Diarra Diop, directrice générale de la Formation professionnelle et technique (DGFPT). Cette déclaration intervient lors de l’ouverture d’un atelier de deux jours organisé par l’Office national de formation professionnelle (ONFP), en partenariat avec la Délégation générale Wallonie-Bruxelles et plusieurs acteurs du secteur cinématographique.

Les cinq référentiels nouvellement validés concernent des métiers clés de l’industrie : réalisateur, scénariste, cadreur, monteur et acteur. Cette initiative répond à un besoin urgent de structuration d’un secteur où de nombreux talents évoluent encore dans l’informel.

De l’informel vers la certification

L’objectif affiché est ambitieux : transformer des pratiques souvent autodidactes en parcours de formation certifiants. “Ces référentiels ciblent des métiers souvent exercés de manière informelle par des jeunes autodidactes, sans cadre structuré ni reconnaissance officielle”, explique Mme Diop. Elle précise que cette démarche s’inscrit dans un plan plus large visant à former 700 000 jeunes d’ici 2029, en incluant “toutes les franges de la population, y compris celles des milieux défavorisés, souvent très investies dans les industries culturelles et créatives”.

Un potentiel économique considérable

Mouhamadou Lamine Bara Lô, directeur général de l’ONFP, souligne le fort potentiel économique du secteur. Selon lui, le cinéma mondial représente aujourd’hui plus de 40 milliards de dollars, avec un potentiel estimé à 20 milliards pour l’Afrique. “Le Sénégal dispose de tous les atouts pour renforcer sa place sur la scène continentale et internationale”, affirme-t-il.

L’élaboration de ces référentiels s’est faite “en étroite collaboration avec les professionnels du secteur”, précise M. Lô, qui compte désormais s’appuyer sur ces outils pour accompagner les centres de formation, écoles spécialisées et maisons de production souhaitant devenir opérateurs de formation.

Une approche par compétences

La démarche repose sur l’approche par compétences, désormais généralisée dans le système de formation professionnelle sénégalais. Ces nouveaux référentiels ont été développés dans le cadre du programme REDFIT, soutenu par l’initiative FIT et en lien avec l’organisation des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) Dakar 2026.

Marie Thérèse Dione, représentante de la Direction de la cinématographie et de l’audiovisuel, insiste sur cette nécessité de professionnalisation : “Pour se développer durablement, le cinéma doit s’appuyer sur des ressources humaines qualifiées, des compétences reconnues et des formations alignées aux exigences du métier.”

Un levier de développement culturel

Au-delà de l’aspect économique, cette initiative revêt une dimension culturelle et éducative importante. Jean-François Pakula, délégué général de Wallonie-Bruxelles au Sénégal, rappelle que “le cinéma demeure un pilier essentiel des industries culturelles, malgré l’essor des nouveaux médias. Il constitue un levier d’éducation, d’unification et de développement”.

Cette initiative s’inscrit pleinement dans la vision du Sénégal à l’horizon 2050 et dans les priorités de la coopération belge francophone, ouvrant de nouvelles perspectives pour la jeunesse sénégalaise dans un secteur en pleine expansion.