Dans un ton ferme et lucide, le Dr Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères et président de l’Institut Panafricain de Stratégie, a exprimé ses vives inquiétudes quant à l’issue du dialogue national tenu récemment au Sénégal. Pour lui, ce rendez-vous tant attendu n’a pas tenu ses promesses sur les sujets fondamentaux de démocratie, de libertés et de droits humains.

« 24% de consensus sur les questions essentielles, c’est une catastrophe. Ce n’est pas un dialogue, c’est un aveu d’échec », martèle-t-il.

Appartenant à l’opposition démocratique, Gadio s’interroge : « Le dialogue a eu lieu, mais après quoi ? Où sont les décisions concrètes ? » Il regrette que le président de la République n’ait toujours pas pris position sur les points les plus critiques, notamment la réforme du mode de scrutin.

À ses yeux, le système électoral actuel est déséquilibré : « Comment un parti qui obtient 54% des voix peut-il rafler 80% des sièges à l’Assemblée nationale ? », s’indigne-t-il. Il fustige également l’iniquité flagrante dans la répartition des sièges, citant le cas de Dakar où un parti ayant une avance minime s’empare de tous les députés.

« Ce système est une antiquité, un héritage des régimes passés. Il faut le réformer pour renforcer notre démocratie ».

Si le dialogue national devait incarner un moment de respiration démocratique, Cheikh Tidiane Gadio craint qu’il ne soit réduit à un simple exercice de style, sans lendemain concret : « On échange, on débat, puis on range tout dans les tiroirs. »

Un appel clair à tirer les leçons de cet exercice et à engager des réformes structurelles urgentes pour garantir un avenir démocratique plus équitable et transparent.