
DIASPORA BOND : UN APPEL À LA RATIONALITÉ ET AU PATRIOTISME ÉCONOMIQUE

L’État du Sénégal s’apprête à lancer un appel public à l’épargne de 300 milliards de FCFA, dont une partie sera spécifiquement destinée à la diaspora. Cette initiative, intégrée au Plan de redressement économique et social, vise à mobiliser des ressources domestiques supplémentaires pour soutenir le financement du développement.
Des taux d’intérêt attractifs
Le Pr Amath Ndiaye, ancien expert auprès de l’Union africaine, a mis en avant l’intérêt économique de cette opération. Les taux proposés, compris entre 6,4 % et 6,95 %, sont bien supérieurs à ceux pratiqués en Europe ou aux États-Unis, où les rendements oscillent entre 1 % et 4 %.
Selon lui, « pour un Sénégalais de la diaspora, le taux réel est très compétitif. Il gagne plus en plaçant ici qu’en laissant son épargne sur un livret ou une assurance-vie là-bas ».
Entre rendement et patriotisme
Au-delà de l’argument financier, le Pr Ndiaye insiste sur la dimension symbolique et citoyenne de ce mécanisme. Il ne s’agit pas de réduire les transferts familiaux, mais de réorienter une partie de l’épargne financière des émigrés — souvent déposée dans des comptes postaux, livrets ou assurances-vie à l’étranger — vers le Sénégal. « C’est investir dans soi-même et contribuer directement au développement de son pays », affirme-t-il.
Certains observateurs s’inquiètent toutefois du contexte économique marqué par la morosité et les retards de paiement de l’État vis-à-vis de certains fournisseurs. Mais le Pr Ndiaye se veut rassurant : « Le Sénégal n’a jamais manqué à ses engagements financiers. Les salaires et la dette constituent des priorités sacrées. » Selon lui, la solvabilité du pays et son sérieux vis-à-vis des marchés internationaux constituent une garantie suffisante pour les souscripteurs.
Les clés du succès
Pour réussir cette opération, l’économiste estime que l’État doit intensifier la communication. Il s’agit d’expliquer de manière claire et pédagogique les modalités de souscription, les rendements, les délais de remboursement et les avantages liés à la liquidité du placement. Cette transparence est essentielle pour convaincre les investisseurs de la diaspora.
Le Pr Ndiaye voit dans cette initiative le début d’une « nouvelle ère » où la diaspora sénégalaise serait davantage impliquée dans le financement national. Il suggère même d’aller plus loin avec des actions diaspora, permettant aux émigrés de devenir actionnaires de projets d’infrastructures comme des autoroutes. Une manière, selon lui, de conjuguer rendement financier, développement territorial et réduction du déficit public.