
FINANCES PUBLIQUES ET RELANCE DU BTP : ALLA SÈNE GUEYE PLAIDE POUR UNE RÉORIENTATION STRATÉGIQUE

Invité de l’émission Champ contre Champ sur la RTS, Alla Sène Gueye, président de la Fédération nationale des industries du Sénégal (FNIS), affiliée à la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES), a livré une analyse critique et argumentée de la situation économique et budgétaire du pays.
Alla Sène Gueye a notamment mis en lumière les effets pervers de la suspension des chantiers du BTP, la faible exécution des investissements publics et le maintien de dépenses de fonctionnement jugées excessives dans certaines structures de l’administration.
Selon M. Gueye, les nouvelles autorités ont entrepris un gel de plusieurs projets de construction et engagé des renégociations sur certains contrats en cours. Si ces décisions visent à assainir les finances publiques et à maîtriser les engagements budgétaires, elles n’en demeurent pas moins porteuses de conséquences économiques majeures, particulièrement pour un secteur aussi stratégique que le BTP.
« Le BTP est un moteur essentiel de notre économie. Lorsqu’on suspend les chantiers, ce sont des milliers d’emplois directs et indirects qui disparaissent, et des entreprises déjà fragilisées qui se retrouvent en grande difficulté, notamment en raison des retards persistants de paiement de l’État », a-t-il déploré avec insistance.
Un budget de 1 900 milliards de francs CFA, mais une exécution déséquilibrée
Pour l’exercice en cours, le budget de l’État est fixé à 1 900 milliards de francs CFA. Toutefois, à mi-parcours, seuls 580 milliards ont été affectés aux investissements publics, avec un taux d’exécution ne dépassant pas 30 %, selon les chiffres avancés par l’économiste. En revanche, les dépenses de fonctionnement atteignent déjà un taux d’exécution de 50 %, traduisant, selon lui, une gestion déséquilibrée et peu orientée vers le développement.
« Le train de vie de l’État n’a, en réalité, connu aucune inflexion. Les mesures de rigueur budgétaire semblent s’appliquer exclusivement à l’investissement, au détriment de la croissance et de l’emploi », a regretté le président de la FNIS.
Un appel à une réorientation stratégique
À travers cette intervention, Alla Sène Gueye appelle les autorités à un véritable rééquilibrage de la politique budgétaire, en recentrant les priorités sur l’investissement productif, notamment dans les infrastructures, au lieu de préserver des charges de fonctionnement jugées excessives.
Sa prise de parole résonne comme une alerte : « sans un changement profond dans la manière de piloter les finances publiques, les promesses de redressement économique risquent de rester lettre morte, et les secteurs stratégiques, comme le BTP, pourraient en payer durablement le prix. »