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META AI SUR WHATSAPP : LES UTILISATEURS SÉNÉGALAIS PRIVÉS DE LEURS DROITS DE PROTECTION

a-la-une
29 juin 2025
a-la-une

Depuis la fin mars 2025, un petit cercle bleu s’est discrètement installé dans WhatsApp, Messenger et Instagram. Cette nouvelle fonctionnalité, baptisée Meta AI, promet des réponses instantanées mais soulève des questions importantes sur la protection des données personnelles des utilisateurs sénégalais.

L’assistant s’affiche de manière constante dans l’interface de WhatsApp, attirant l’attention par sa visibilité permanente. Meta admet analyser chaque interaction avec l’assistant pour perfectionner son algorithme. Cette collecte active de données inquiète naturellement ceux qui craignent de voir leurs messages partir vers les serveurs américains sans leur consentement explicite.

Comme tout outil technologique, Meta AI présente des atouts indéniables. Elle permet de gagner un temps précieux pour écrire, planifier ou créer, stimule la créativité et améliore l’organisation du travail. Son accès simple à une multitude d’informations en fait un assistant efficace au quotidien. Cependant, elle comporte aussi des inconvénients : risque de dépendance, contenus parfois dépourvus d’émotion humaine, sécurité des données non garantie, et biais dans les réponses pouvant nuire à la fiabilité. Son utilisation massive pourrait également impacter certains métiers liés à la rédaction ou à la création de contenu.

En lançant son IA gratuitement sur les réseaux sociaux, Meta exploite potentiellement une nouvelle source de revenus encore peu ciblée par les concepteurs d’IA : la publicité.

Un droit d’opposition inexistant pour les Africains

Depuis le 27 mai 2025, Meta utilise les données personnelles de ses utilisateurs pour entraîner ses modèles d’intelligence artificielle. Pour les utilisateurs européens, la firme a prévu un formulaire d’opposition, conformément à l’Article 21 du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). Mais pour les utilisateurs africains, ce droit semble inexistant : le formulaire n’est tout simplement pas accessible depuis le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Bénin, ni d’autres États africains, où pourtant des lois sur la protection des données existent.

Au Sénégal, la Loi n° 2008-12 du 25 janvier 2008 portant sur la Protection des données à caractère personnel stipule clairement dans son Article 68 que « toute personne physique a le droit de s’opposer, pour des motifs légitimes, à ce que des données à caractère personnel la concernant fassent l’objet d’un traitement ». Cette disposition est quasiment identique à la législation européenne.

Il n’existe donc aucune justification légale permettant à Meta de priver les utilisateurs sénégalais de leur droit d’opposition. Cette situation illustre un double standard troublant appliqué selon les zones géographiques, transformant l’Afrique en laboratoire d’expérimentation sans garde-fous.

Comment reprendre le contrôle malgré tout

En attendant une régulation plus stricte, plusieurs méthodes permettent de limiter l’impact de Meta AI. Sur les smartphones Android, largement répandus au Sénégal, un appui long sur la conversation Meta AI fait apparaître les options de suppression ou d’archivage. Sur iPhone, un glissement vers la gauche révèle les mêmes options. L’assistant reste actif en arrière-plan mais devient moins visible.

La méthode la plus efficace reste l’évitement total : ignorer le raccourci bleu, ne pas mentionner @MetaAI dans les messages et ne pas utiliser l’assistant dans les groupes.

Face à ces préoccupations, certains utilisateurs préfèrent migrer vers des applications alternatives comme Signal, Telegram ou les messages RCS, réputés pour leur chiffrement plus rigoureux. D’autres abandonnent Instagram au profit de plateformes comme Bluesky, Flickr ou Pinterest, moins dépendantes de l’intelligence artificielle.

L’exemple nigérian fait jurisprudence

En juillet 2024, les autorités de protection nigérianes ont infligé à Meta une amende de 220 millions de dollars pour violation des règles locales de protection des données et pratiques discriminatoires. En avril 2025, le tribunal nigérian a confirmé cette sanction, rejetant l’appel de Meta. En réponse, au lieu de payer l’amende, Meta a brandi une menace de se retirer du marché nigérian.

Cette affaire illustre la nécessité pour les pays africains de faire respecter leurs lois sur la protection des données. Au final, limiter l’impact de Meta AI ne demande pas de compétences techniques particulières, mais révèle surtout l’urgence d’une régulation numérique équitable qui ne fasse pas de distinction entre utilisateurs selon leur origine géographique.

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