Lors de son passage dans l’émission Champ contre Champ sur la RTS, Alla Sène Gueye, président de la Fédération nationale des industries du Sénégal (FNIS), affiliée à la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES), a livré une analyse approfondie des enjeux économiques et sociaux actuels.

Des récentes missions du Premier ministre à l’étranger à la place du secteur privé dans la stratégie nationale, en passant par l’état de l’école publique, il a dressé un tableau exigeant, mais lucide des défis qui attendent le pays.

Un dialogue public-privé à renforcer

Alla Sène Gueye a rappelé que l’État a récemment signé une convention avec les principales organisations patronales, notamment la CNES et le Conseil national du patronat (CNP). Cette initiative vise à consolider le dialogue autour du Code du travail et à instaurer un cadre plus structuré pour les relations entre l’administration et le secteur privé.

« L’objectif est clair : moderniser notre économie, sécuriser les investissements et soutenir l’emploi, à un moment où plusieurs secteurs stratégiques dont le BTP traversent une zone de turbulence », a-t-il déclaré.

Toutefois, il estime que ce partenariat doit aller au-delà de la simple concertation et déboucher sur des réformes concrètes et durables.

Diplomatie économique : quelle place pour le patronat ?

Les récentes visites du Premier ministre Ousmane Sonko en Turquie et en Chine illustrent, selon lui, une volonté affirmée de renforcer la diplomatie économique. Mais cette ouverture à l’international gagnerait, selon lui, à mieux intégrer les acteurs du secteur privé.

« Le patronat sénégalais n’est pas encore suffisamment impliqué dans les négociations commerciales stratégiques. Il est temps de le repositionner comme un acteur central du développement économique », a-t-il fait savoir.

Il cite notamment les relations commerciales avec la Chine, encore centrées sur l’exportation de matières premières, comme l’arachide brute. Une stratégie qu’il juge limitée. Selon lui, le Sénégal devrait viser la transformation locale et proposer des volumes exportables de produits à plus forte valeur ajoutée, comme l’huile d’arachide.

« Négocier des quotas pour 200 000 litres d’huile transformée plutôt que d’exporter l’arachide brute : voilà le type de démarche qui pourrait créer de l’emploi local et renforcer notre autonomie économique », plaide-t-il.

L’école publique, fondement de l’égalité et du progrès

Le président de la FNIS ne s’est pas limité aux questions économiques. Il a également attiré l’attention sur la crise de l’école publique sénégalaise, qu’il considère comme un levier essentiel du développement.

« L’avenir du pays ne se construit pas uniquement sur la promotion de la lutte traditionnelle ou les podiums de mode. Il se bâtit d’abord sur une école publique forte, inclusive, capable de former les citoyens et les compétences de demain », a-t-il insisté.

Un avis partagé par de nombreux enseignants et syndicats, pour qui la revalorisation de l’école publique est urgente. Il en va, selon eux, de la cohésion sociale, de la mobilité sociale, et de la souveraineté intellectuelle du pays.

Une vision globale à concrétiser

À travers ses prises de position, Alla Sène Gueye interpelle les pouvoirs publics sur la nécessité d’un leadership cohérent, capable de concilier diplomatie économique, valorisation du secteur privé et relance du système éducatif.

Car pour lui, c’est l’ensemble du modèle de développement sénégalais qui doit être repensé non pas par des mesures symboliques, mais par des politiques ambitieuses, inclusives et durables.