
SIDI OULD TAH ÉLU PRÉSIDENT DE LA BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT.

En trois tours seulement, les actionnaires de la Banque africaine de développement (BAD) ont tranché : Sidi Ould Tah succède à Akinwumi Adesina à la tête de l’institution panafricaine. Avec 76,18 % des voix, le Mauritanien s’impose devant ses concurrents, incarnant une nouvelle ère pour la BAD.
Une victoire stratégique
Dès le deuxième tour, Sidi Ould Tah avait rallié une majorité confortable, grâce notamment à l’appui des actionnaires africains et au soutien diplomatique de la Mauritanie, récemment renforcée par la présidence tournante de l’Union africaine. Il a aussi bénéficié de l’influence décisive des pays de la Ligue arabe, en particulier de l’Arabie saoudite, grâce à ses solides réseaux au sein de cette sphère.
Un parcours ancré dans le développement
Ancien ministre de l’Économie et des Finances de Mauritanie, Sidi Ould Tah a su bâtir une crédibilité incontestée à la tête de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea). En dix ans, il y a multiplié par douze les approbations annuelles et considérablement assaini les finances de l’institution, dont la note de crédit a récemment été relevée à AA+ par S&P, à un cran du maximum possible.
Cette expérience confère au nouveau président une « vision à 360° des enjeux de développement », selon ses propres mots, et une capacité opérationnelle immédiate.
Une vision structurée autour des « quatre points cardinaux »
Porté par une équipe chevronnée, dont Frannie Leautier, ancienne vice-présidente de la BAD et de la Banque mondiale, Sidi Ould Tah a élaboré un programme ambitieux intitulé « Les quatre points cardinaux ». Il y inscrit quatre priorités majeures :
- Réformer l’architecture financière africaine,
- Transformer le dividende démographique en levier économique,
- Accélérer l’industrialisation en valorisant les ressources naturelles,
- Mobiliser massivement les capitaux, notamment ceux du monde arabe.
Un style sobre, une ambition assumée
Réservé, méthodique, Sidi Ould Tah tranche avec le style flamboyant de son prédécesseur. Il hérite néanmoins d’une institution en excellente santé, avec un capital qui a triplé sous Adesina, atteignant 318 milliards de dollars. La stratégie décennale 2024-2033, fondée sur les « High 5 » de développement, constitue un socle que le nouveau président pourrait ajuster pour répondre à ses propres priorités.
Un défi de taille : faire plus avec les moyens disponibles
Malgré des performances en hausse, des voix, comme celle de Serge Ekué (BOAD), estiment que la BAD n’exploite pas encore tout son potentiel. Le défi pour le nouveau président sera donc d’optimiser les capacités de financement et de renforcer le rôle stratégique de la BAD dans la transformation économique de l’Afrique.