Invité de la matinale Salam Sénégal sur Radio Sénégal, le journaliste et écrivain Pape Samba Kane a abordé de nombreux sujets d’actualité, mêlant ses observations politiques à ses préoccupations sociales, notamment la montée des jeux d’argent dans la société sénégalaise.

Commentant la déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko, Pape Samba Kane a salué la volonté de respecter les promesses électorales, tout en notant certaines limites structurelles : « La reddition des comptes a pris une place importante, mais c’est un domaine qui relève surtout de la justice », a-t-il affirmé. Il a également souligné le défi posé par l’élargissement des recettes fiscales dans une économie où 70 % des activités sont informelles.

Sur la question des mandats présidentiels, Kane a remis en question la limitation en Afrique, critiquant les interruptions fréquentes des projets gouvernementaux : « La limitation des mandats freine les projets à long terme. Ici, un président commence une autoroute qui prend dix ans à être achevée, et son successeur la met souvent en pause pour lancer ses propres chantiers. »

En examinant le programme Vision Sénégal 2050, l’écrivain a exprimé sa déception face à la faible place accordée à la culture. Selon lui, l’absence de perspectives claires pour le cinéma, la peinture ou les arts en général est une erreur à rectifier. Bien que le Premier ministre ait mentionné la culture dans sa déclaration, Kane estime que cela reste insuffisant : « En tant qu’homme de culture, je trouve que ce volet est encore trop peu développé. »

Revenant sur l’annonce de la réciprocité des visas, Pape Samba Kane a évoqué un souvenir marquant du régime Macky Sall, lorsqu’une initiative similaire avait été accueillie avec mépris par l’ambassadeur de France. Il a plaidé pour l’application stricte de ce principe pour corriger une injustice flagrante : « La France complique l’obtention des visas pour les Sénégalais. Appliquer la réciprocité pourrait assouplir leurs procédures. »

À propos de son livre, La Folie des Jeux d’Argent, Pape Samba Kane a partagé ses inquiétudes sur la prolifération des jeux de hasard au Sénégal, qu’il qualifie d’addiction comparable à une maladie psychiatrique. Il a retracé l’histoire de cette pratique au Sénégal, notamment l’arrivée de promoteurs corses au début des années 2000.

« Ce n’est pas une inspiration littéraire, mais une véritable préoccupation sociale. J’ai mené une enquête approfondie pour expliquer comment ces jeux touchent particulièrement les populations vulnérables. »

Sur les rapports entre les médias et le régime actuel, Pape Samba Kane a insisté sur le rôle essentiel de la presse dans la démocratie tout en appelant à des relations apaisées : « Une presse libre est fondamentale pour prouver qu’il existe une démocratie dans ce pays. Mais il faut organiser cette activité sans hostilité et avec intelligence. »