Du 15 au 19 septembre 2025, l’Union du Clergé Sénégalais (UCS) a tenu sa 47ᵉ Assemblée Générale à Saint-Louis. Cette rencontre a rassemblé 203 prêtres venus de tous les diocèses du pays et de la sous-région. Placée sous le thème « Pour une Église synodale et autonome au service de la justice et de la paix au Sénégal », cette session s’inscrit dans la dynamique du Synode sur la synodalité et dans la continuité des réflexions portées par la 5ᵉ Assemblée Générale des Conférences Épiscopales Réunies de l’Afrique de l’Ouest (CERAO), tenue à Dakar en mai 2025.

Tout au long de cette assemblée, les prêtres se sont laissé instruire par la Parole de Dieu. Les enseignements de Monseigneur André Guèye et de Monseigneur Augustin Simmel Ndiaye ont mis en lumière les vertus de sobriété, d’humilité et de compassion. Ils ont également insisté sur l’importance de prendre soin de la maison de Dieu dans l’esprit du « sutura », une disposition culturelle favorable à la synodalité. Les prêtres ont renouvelé leur communion filiale au Saint-Père, le Pape Léon, et affirmé leur fidélité au magistère de l’Église, ainsi qu’aux évêques de la Province ecclésiastique, dont ils ont reçu les messages et les orientations.

Trois grands constats ont émergé de ces journées. Sur la synodalité, l’UCS reconnaît que le contexte africain, marqué par le sens de la famille, la solidarité et la fraternité, est propice à son déploiement. Toutefois, elle alerte sur le risque d’en faire un simple slogan sans réelle transformation des structures ecclésiales. Sur l’autonomie, l’assemblée note l’urgence de renforcer l’autonomie financière et liturgique, face à la raréfaction des financements extérieurs et aux abus liturgiques constatés. Elle salue le travail de la Commission nationale de liturgie et la publication du Vade-mecum qui guide désormais les célébrations. Concernant la justice et la paix, les participants regrettent le manque de structures dédiées et la faiblesse des initiatives concrètes, en plus du déphasage de certaines pratiques avec les normes nationales de gestion.

Face à ces constats, plusieurs résolutions ont été prises. L’UCS entend incarner la synodalité comme style de communion, de discernement et de mission. Elle encourage l’écoute mutuelle, le dialogue communautaire et la centralité de la Parole de Dieu. Les prêtres s’engagent à intégrer les conclusions du Synode sur la synodalité, à renforcer la formation liturgique, à promouvoir une Église solidaire et à renouveler leur engagement en faveur de la justice et de la paix. La conversion pastorale est appelée à devenir la lumière de leurs pratiques quotidiennes.

Les prêtres ont aussi exprimé leur solidarité aux victimes des inondations qui affectent de nombreuses familles chaque année, révélant les limites du système d’aménagement du territoire. Ils ont également dénoncé les atteintes aux libertés individuelles et fondamentales, appelant à une prise de conscience collective.

L’UCS a lancé plusieurs appels. À l’État du Sénégal, elle demande de poursuivre les efforts pour la paix, de restaurer la souveraineté économique, de garantir les libertés fondamentales, de lutter contre les inondations et de renforcer les mécanismes de protection des droits humains. Aux citoyens, elle recommande de rejeter la violence, de favoriser des débats apaisés, de cultiver la téranga, la solidarité et le dialogue. Aux fidèles chrétiens, elle adresse un appel à soutenir l’autonomie de leurs Églises, à prier pour la paix, à promouvoir l’éducation à la non-violence et à vivre une véritable conversion relationnelle.

Dans un esprit de fraternité, l’UCS invite tous les hommes et femmes de bonne volonté à soutenir les efforts de paix, de développement et de lutte contre toutes formes de discrimination. Elle rappelle que le dialogue interreligieux, le respect de la diversité et la promotion de valeurs humaines universelles doivent continuer d’inspirer la société sénégalaise.

L’Union a exprimé ses sincères remerciements au diocèse de Saint-Louis et à son évêque, Monseigneur Augustin Simmel Ndiaye, pour leur accueil généreux. Elle a salué l’implication des autorités publiques, des forces de sécurité, des sapeurs-pompiers, de la région médicale et des services techniques. Une reconnaissance particulière a été adressée aux experts, aux animateurs d’ateliers, aux partenaires logistiques et financiers, ainsi qu’au directeur du Lycée technique ayant accueilli les travaux, et à la presse pour sa couverture.

Au terme de cette assemblée, les prêtres repartent avec un engagement renouvelé. Ils affirment leur volonté d’être des pasteurs proches du peuple, disponibles pour la mission et porteurs d’un message de paix et de justice. L’autonomie qu’ils recherchent vise un enracinement pastoral fort, tandis que la synodalité qu’ils promeuvent est un appel à la conversion. Confiant l’Église et le pays à la protection de la Vierge Marie et de saint Louis, l’UCS souhaite que le Sénégal demeure une terre de dialogue, de fraternité et d’espérance.

L’assemblée a été marquée par plusieurs soutiens venus de l’Église et de la société. Monseigneur Waldemar Stanislaw Sommertag, Nonce apostolique, les évêques de la Province, le Gouverneur de Saint-Louis, Monsieur Al Hassan Sall, ainsi que des représentants religieux, dont l’Imam Sakho, et des responsables du laïcat, ont adressé des messages d’encouragement. Ces interventions ont confirmé l’importance de la mission pastorale portée par l’UCS.

Des experts ont contribué à nourrir la réflexion sur les trois axes principaux de l’assemblée : la synodalité, l’autonomie et la justice et paix. Parmi eux figurent Monseigneur Augustin Ndiaye, les abbés Marcel Mbengue, Étienne Ndéné Ndong, Pierre Sandi Diouf, Camille Joseph Gomis, Philippe Dibocor Ngom, la Révérende Sœur Anne Béatrice Faye, membre de la Commission théologique du Synode, ainsi que Messieurs Denis Ndour et Rémy Edjilaye Senghor. Leurs apports ont permis d’éclairer les défis pastoraux et les réalités locales.