
CAISSE DES DÉPÔTS ET CONSIGNATIONS (CDC) : PLUS DE 110 MILLIARDS DE F CFA DÉPENSÉS HORS CADRE LÉGAL ENTRE 2017 ET 2023

La Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) est dans la tourmente après la publication d’un audit mené par le cabinet Business System Consulting Group (BSC) sous la direction d’Ibra Guèye. Commandé par l’Autorité de Régulation de la Commande Publique (Arcop), le rapport met en évidence un ensemble de manquements graves dans la gestion de l’institution entre 2017 et 2023.
Selon les auditeurs, la CDC aurait volontairement écarté le Code national des marchés publics, substitué par un manuel interne de procédures datant de 2017. Ce document, remis en deux versions quasi identiques, comportait des modifications manuscrites et ajouts non datés, autorisant des ajustements arbitraires. Cette dérive aurait permis à la direction d’opérer d’importantes dépenses hors du cadre légal.
Parmi les opérations pointées, figure notamment le projet immobilier des Mamelles, évalué à 103,8 milliards de F CFA TTC et attribué à l’entreprise Sertem. Malgré le caractère forfaitaire du marché, plusieurs avenants injustifiés ont été signés, dont un premier de 5,3 milliards de F CFA pour des prestations déjà incluses dans l’offre initiale. En 2023, un cinquième avenant de 1,9 milliard de F CFA aurait encore été approuvé, en violation manifeste des règles de passation des marchés publics.
Le rapport mentionne aussi la suspension du financement du projet par la Banque Of Africa (BOA), invoquant un « détournement de recettes ». Faute de trésorerie, la CDC aurait dû régler directement les sous-traitants, dont la liste reste à ce jour introuvable.
Les irrégularités s’étendent à d’autres marchés : la mission de contrôle technique confiée à Archi Art Concept, prolongée pour 301 millions de F CFA alors que le contrat était expiré depuis juillet 2022, est dénoncée comme un acte sans base juridique. S’ajoutent des cas de conflits d’intérêts, d’appels d’offres simulés, et de facturations excessives pour des prestations diverses, allant de la refonte comptable à la formation du Conseil d’administration.
L’audit évoque une « gestion dérogatoire et systémique », marquée par un contournement constant des règles de transparence et de concurrence. 
L’Arcop, saisie du rapport, devrait prochainement proposer des sanctions administratives et judiciaires à l’encontre des responsables identifiés.





