
L’AFRIQUE FACE À L’IMPÉRATIF DE L’INDÉPENDANCE ÉCONOMIQUE

Alors que la fragilité des démocraties africaines s’accentue sous le poids des inégalités, la nécessité de démocratiser l’économie du continent refait surface. Réunis au Musée des Civilisations noires, économistes, chercheurs, historiens et sociologues ont participé à une conférence de haut niveau organisée par la Fondation de l’innovation pour la démocratie et l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). L’objectif : proposer des pistes concrètes pour sortir de la dépendance économique qui freine l’épanouissement démocratique.
Malgré des avancées politiques notables, les économies africaines restent encore sous influence étrangère. Importations massives, contrôle des ressources par des multinationales, dépendance structurelle aux marchés extérieurs : la transition économique du continent est encore loin d’être achevée.
Dans une intervention à distance, le directeur de l’AUF, le professeur Achille Mbembe, a mis l’accent sur l’urgence de reprendre le contrôle des ressources africaines. « Se réapproprier les ressources du continent africain doit être le premier débat. Le continent se trouve en crise économique, le marché crée des inégalités croissantes », a-t-il déclaré.
L’économiste sud-africain Faizel Ismail a, pour sa part, dénoncé une dépendance trop forte aux produits étrangers. « Quatre-vingts pour cent des vêtements portés en Afrique sont importés. Il est temps de valoriser nos propres productions », a-t-il plaidé.
Une opinion partagée par l’économiste et philosophe sénégalais Felwine Sarr, qui a appelé à des réformes institutionnelles profondes. « On a des ressources qui sont valorisées par l’économie du monde. Il faut limiter la capacité de nos élites à les brader au plus offrant », a-t-il affirmé.
Au cœur des échanges : l’idée de former une nouvelle génération d’acteurs capables de piloter des transitions économiques durables, inclusives et ancrées dans une démocratie substantive.
Le message est clair : sans souveraineté économique, les ambitions démocratiques du continent resteront incomplètes. L’Afrique doit désormais mobiliser toutes ses forces – politiques, privées et communautaires – pour reprendre en main son destin économique.