
LE SÉNÉGAL REDONNE VOIX À LA MÉMOIRE OUBLIÉE DU MASSACRE DE THIAROYE

Après 80 ans de silence, le Livre blanc sur la tragédie de 1944 sera remis au Président Faye ce jeudi Une page majeure de l’histoire africaine s’apprête à être tournée. Ce jeudi 16 octobre 2025, le Président Bassirou Diomaye Faye recevra le Livre blanc du massacre de Thiaroye, un document qui lève enfin le voile sur l’une des tragédies les plus méconnues de l’après-guerre.
80 ans après, la vérité enfin documentée
Le 1er décembre 1944, dans le camp militaire de Thiaroye près de Dakar, l’armée française ouvre le feu sur des tirailleurs sénégalais demandant simplement le paiement de leurs soldes. Ces hommes, originaires d’Afrique occidentale française, venaient de sacrifier leur jeunesse pour la libération de l’Europe. Leur retour s’achève dans le sang et l’oubli.
Longtemps réléguée au silence en France métropolitaine, cette affaire a suscité débats et controverses entre historiens et autorités publiques. Nombreuses ont été les « manipulations » de la vérité historique, brouillant les pistes et entretenant les zones d’ombre autour de ce qui constitue une véritable tache sur l’honneur de la IVe République.
Un travail de vérité et de reconnaissance
Le Comité de commémoration du 80e anniversaire s’est fixé une mission claire : rétablir les faits. Des fouilles approfondies ont été menées sur le site, permettant une documentation exhaustive des événements. Le Livre blanc résultant de ces recherches promet de clarifier les circonstances exactes du drame et de rendre justice à la mémoire de ces soldats oubliés.
Cette reconnaissance officielle, bien que tardive, revêt une importance capitale. L’État français a certes reconnu le massacre, mais des lacunes persistent. Le Sénégal, porté par son nouveau président, entend corriger cette omission historique et restaurer la dignité de ces tirailleurs dans le récit collectif mondial.
Un héritage à transmettre
La remise de ce document ne marque pas une fin, mais un commencement. Pour les autorités sénégalaises, il s’agit d’un « devoir de mémoire et de vérité », essentiel pour les générations futures. Ce Livre blanc se veut aussi un pont entre les nations, une base solide pour une reconnaissance historique partagée.
En cette cérémonie solennelle de ce jeudi, c’est tout un peuple qui retrouve ses héros. Des tirailleurs dont les noms avaient presque sombré dans l’oubli, dont le sacrifice méritait bien plus qu’une page noircie des manuels d’histoire. Quatre-vingts ans après Thiaroye, l’Afrique récupère enfin sa mémoire.