
MAURICE SOUDIECK DIONE PLAIDE POUR UNE DÉMOCRATIE APAISÉE ET UNE OPPOSITION RESPONSABLE

Face aux crispations politiques qui rythment la scène nationale, le professeur agrégé de science politique Maurice Soudieck Dione appelle à la retenue. Invité de l’émission Point de Vue, il a réagi à la polémique suscitée par l’interdiction du Niakhtou national prévu par l’opposition, estimant que le climat politique gagnerait à s’éloigner des logiques de confrontation.
Pour le politologue, la coïncidence de dates entre la mobilisation du PASTEF et la manifestation de l’opposition relevait d’une « provocation inutile ». « Le mois de novembre compte trente jours ; l’opposition pouvait choisir un autre jour », a-t-il noté, rappelant que la démocratie ne se construit pas dans le face-à-face permanent mais dans la responsabilité partagée. Une double mobilisation le même jour, a-t-il ajouté, aurait pu générer « des tensions sécuritaires et des dérives incontrôlables ».
Le Pr Dione a par ailleurs réaffirmé le rôle indispensable de l’opposition dans l’équilibre démocratique. « C’est elle qui permet à la majorité de se remettre en question et d’éviter les dérives du pouvoir », a-t-il souligné. Toutefois, il constate que le nouveau pouvoir, porté par le PASTEF, bénéficie encore d’un état de grâce lié à la maturité du peuple sénégalais. « Les citoyens savent qu’il faut un temps d’adaptation avant d’évaluer un gouvernement. Cette patience a toujours marqué notre tradition politique », a-t-il rappelé, citant l’exemple du début de l’ère Wade.
Sur le plan économique, l’universitaire reconnaît que le gouvernement hérite d’une conjoncture difficile : « Une dette publique de 132 % du PIB, la cherté de la vie, le chômage… tout cela pèse lourdement sur l’action publique. » Selon lui, les réformes engagées demandent du temps pour produire des effets visibles.
« Il y a un décalage entre le temps des politiques et celui des attentes sociales », avertit-il, tout en estimant que le pouvoir conserve pour l’heure sa légitimité. « L’impopularité est inévitable, mais elle n’a pas encore atteint un seuil critique. Le pays a surtout besoin de sérénité pour avancer. »





