
PR AMATH NDIAYE : « LE FMI DOIT SOUTENIR LE SÉNÉGAL QUI A CHOISI LA TRANSPARENCE »

Le Sénégal multiplie les appels publics à l’épargne pour couvrir ses besoins financiers. En 2025, le projet de loi de finances a déjà autorisé le ministre des Finances à lever 5 715 milliards de FCFA afin de financer le déficit budgétaire estimé à 1 600 milliards et honorer le service de la dette. Or, à ce stade, moins de 2 500 milliards ont été mobilisés. « Si l’État n’atteint pas cet objectif, le budget ne pourra pas être bouclé », avertit le Pr Amath Ndiaye, enseignant-chercheur à la FASEG–UCAD.
Des taux d’intérêt de plus en plus lourds
Le recours aux marchés financiers devient de plus en plus coûteux. Le Sénégal emprunte actuellement à des taux de 6 % à 7 %, sans oser retourner sur le marché international. La baisse de la notation du pays nourrit en effet la crainte d’un financement à des conditions encore plus sévères, dépassant les 10 %. Dans ce contexte, l’État tente de diversifier ses sources, notamment en sollicitant la diaspora à travers de nouveaux emprunts obligataires.
L’attente d’un signal du FMI
Pour l’économiste, la clé demeure toutefois l’accord attendu avec le Fonds monétaire international (FMI). « Le Sénégal a besoin du FMI, car ce soutien conditionne l’accès à d’autres financements », souligne-t-il. Or, les discussions s’éternisent, malgré les démarches entreprises par le gouverneur de la Banque centrale. L’expert s’étonne de la lenteur du processus : « Le gouvernement actuel n’est pas responsable de la situation héritée. Il a choisi la transparence. Le FMI devrait l’accompagner plus rapidement. »
Réformes en cours mais urgences persistantes
Les autorités sénégalaises ont déjà engagé des réformes de l’administration et de la gestion des finances publiques, soutenues notamment par la Banque mondiale. Mais selon le Pr Ndiaye, il est illusoire de vouloir dissocier réformes structurelles et besoins immédiats : « On ne peut pas attendre d’avoir terminé les réformes avant de financer l’économie. Il faut mener les deux de front. »
Une question de crédibilité internationale
En définitive, le Sénégal doit impérativement sécuriser ses financements pour maintenir sa crédibilité auprès des marchés et assurer la continuité des paiements, notamment sur la dette. Pour l’économiste, le soutien du FMI ne profiterait pas seulement au pays mais à toute la sous-région : « Lorsqu’un pays traîne, c’est l’ensemble de l’économie mondiale qui en subit les conséquences. »