
1 DA BEATZ, LE FAISEUR D’IDENTITÉS, DE LA STREET AUX STADES

1 Da Beatz, de son vrai nom Abdoulaye Wone, appartient à cette génération de producteurs qui pensent la musique comme une identité. À Dakar, derrière la vitre du Rise & Vibe Studio, il façonne un langage où les batteries trap, droites et nettes, s’ouvrent sur des 808 profondes tandis que les percussions du terroir — sabar, tama, assiko — ramènent l’air du pays dans chaque mesure. Son écriture, volontairement minimale, cherche l’instant juste : un motif, une scansion populaire, une montée irrépressible. Ce geste « glocal » parle aux playlists internationales sans perdre la pulsation du Sénégal.
On l’appelle producteur, beatmaker, parfois directeur musical. En réalité, 1 Da Beatz est tout cela à la fois. Il conçoit, enregistre, mixe, dirige ; il cadre une intention dès l’esquisse et la pousse jusqu’au format final, qu’il s’agisse d’un single pour le streaming, d’un générique télévisé ou d’un refrain prêt à être repris en chœur par une tribune. Son credo de studio — composer vite, enregistrer propre, mixer serré — ne relève pas de la vitesse pour la vitesse : il s’agit de préserver la clarté des voix et la dramaturgie percussive, du smartphone à la sono de stade.
Collaborations et trajectoire
La trajectoire de 1 Da Beatz se lit aussi dans ses rencontres. Avec Dip Doundou Guiss, il traverse l’univers rap avec une rigueur de mix qui laisse respirer les timbres et donner du poids aux silences, comme autour de Dungeen Daj et des sessions dévoilées en images. Avec Massamba Amadeus, il signe “Ndaanaan”, démonstration d’un afro-urbain grand public où l’évidence mélodique tient la main aux percussions. Le compagnonnage avec Deep Dose — du morceau Hands of God à d’autres projets — révèle un travail de fond sur la couleur et la dynamique vocale. Les années “underground/mixtapes” avec Maybe gardent, elles, la mémoire d’une ossature rythmique sans fioritures. Au fil des plateformes et des listings, son nom croise celui de Ndongo D & Meta Dia, de BM Jaay, ou encore de BornBlvck ; autant de jalons qui dessinent un catalogue en expansion, fidèle à une idée simple : une direction nette, une signature reconnaissable, une efficacité émotionnelle.
L’hymne LSFP, un tournant public
L’automne 2025 marque son entrée sous les projecteurs institutionnels. La Ligue sénégalaise de football professionnel lui confie la composition de son premier hymne officiel, produit à Dakar au Rise & Vibe Studio. La pièce n’est pas un simple habillage : elle vise le statut d’emblème, à l’image de ce que l’hymne de la Champions League incarne en Europe. On y entend sa grammaire : une introduction solennelle qui installe l’attente, une montée orchestrale, puis un drop galvanisant où les percussions locales se mêlent aux scansions de tribunes. Les voix appellent, le public répond ; la pulsation s’installe ; la fierté circule. Pensé pour la télévision et la radio autant que pour la poussière des gradins, l’hymne promet une reconnaissance immédiate et une adhésion durable.
Positionnement et horizon
Entre craft de studio et ancrage culturel, 1 Da Beatz s’impose comme un façonneur d’identités sonores. Pour les artistes, il clarifie une couleur et une direction. Pour les organisations, il écrit des musiques d’image sans diluer les codes hip-hop qui composent sa matrice. Avec l’hymne de la LSFP, il signe davantage qu’une commande : il propose une manière d’entendre le football sénégalais à l’ère des images rapides et des sons viraux, une signature faite pour voyager — écrans, radios, réseaux — tout en restant greffée aux tambours et à la ferveur des stades. Dans cette adhésion, se lit ce qui lui tient le plus à cœur : une identité, durable.