
16 JOURS D’ACTIVISME : LE SÉNÉGAL LANCE L’OFFENSIVE CONTRE LES VIOLENCES BASÉES SUR LE GENRE

Le Sénégal a donné, mardi, le coup d’envoi de l’édition 2025 des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre (VBG), avec un focus particulier sur les violences numériques. Depuis Gorée, symbole fort de résistance et de mémoire, la ministre de la Famille, de l’Action sociale et des Solidarités, Maïmouna Dièye, a appelé à une mobilisation nationale pour endiguer un phénomène en pleine expansion.
Rappelant que « la violence numérique n’est pas une fatalité », la ministre a exhorté les acteurs publics, la société civile et les communautés à unir leurs efforts pour « combattre et vaincre » ces dérives. Elle s’est appuyée sur les données récentes de l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), qui dressent un tableau préoccupant : 20,4 % des violences numériques sont subies avant 18 ans, et plus de 80 % des femmes déclarent avoir été victimes d’agressions en ligne au cours de leur vie.
Maïmouna Dièye a dénoncé les formes multiples que prend cette violence : harcèlement, diffamation, divulgation de données personnelles, menaces, dénigrement ou encore campagnes de désinformation. Autant de pratiques qui, selon elle, « fragilisent profondément la santé mentale des femmes et des filles » et détournent le numérique de sa vocation première : un espace d’émancipation et d’opportunités.
Face à cette montée en puissance d’une « arme de destruction silencieuse », la ministre a assuré que l’État renforce sa riposte. Sur le plan législatif et institutionnel, un nouveau cadre de référence est en préparation : le deuxième Plan d’action national de lutte contre les VBG pour la période 2026-2030. Élaboré par la Direction de la Famille, ce document doit permettre de mieux coordonner les interventions de l’État et des organisations de la société civile, tant en prévention qu’en prise en charge et en suivi des victimes.
Un accent particulier sera mis sur l’assistance aux survivantes, avec la construction de centres de prise en charge holistique et le renforcement des services de protection. Le ministère entend également intensifier la sensibilisation communautaire, notamment à travers des programmes comme « Kaarangué » et « Swedd », destinés à renforcer les connaissances et les capacités des populations face aux risques numériques.
En lançant cette campagne depuis Gorée, Maïmouna Dièye a voulu rappeler que les combats pour la dignité humaine se réinventent, mais demeurent essentiels : « Le numérique ne doit pas devenir une nouvelle frontière de la violence, mais un espace sûr pour toutes et pour tous. »





