
ALASSANE BEYE ENSEIGNANT-CHERCHEUR À L’UGB | « LE CONCEPT DE PARTI-ÉTAT EST GRAVE ET CONTRAIRE AUX PRINCIPES DÉMOCRATIQUES »

Invité de la matinale Salam Sénégal, Alassane Beye, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, a réagi aux déclarations de certains responsables de PASTEF prônant l’instauration d’un « État pastefien ». Une posture qu’il juge dangereuse pour la démocratie sénégalaise et assimilable aux dérives autoritaires.
« La communication actuelle de certains membres du gouvernement me fait peur », lance d’emblée Alassane Beye. Selon lui, parler d’un « parti-État » est une dérive grave : « En science politique, on enseigne à nos étudiants que le parti-État est typique des régimes totalitaires. C’est en totale contradiction avec les principes démocratiques. » Il appelle les responsables de PASTEF à revisiter leur vocabulaire et à mesurer la portée de leurs propos : « Le Sénégal est une démocratie, certes imparfaite, mais reconnue comme telle. Revenir à des discours qui évoquent la mainmise d’un parti sur toutes les institutions, c’est faire un bond en arrière. »
Tout en condamnant l’idée d’un État inféodé à un parti, Alassane Beye reconnaît qu’un gouvernement élu peut naturellement s’entourer de collaborateurs partageant sa vision : « Rien n’empêche un pouvoir en place de placer ses hommes de confiance aux postes stratégiques, notamment dans les ministères de souveraineté. Mais cela n’a rien à voir avec une politique de politisation généralisée de l’administration et de la justice. »
Il met en garde contre la tentation de politiser des institutions qui doivent rester neutres, comme l’administration et la justice : « Le Sénégal a une tradition républicaine forte sur la neutralité de l’administration.»