
CRISE AU GROUPE SN LA POSTE : LE GOUVERNEMENT LANCE UN PLAN AMBITIEUX DE REDRESSEMENT ET DE RELANCE

Un Conseil interministériel s’est tenu ce lundi 1er septembre 2025 à la Primature, sous la présidence du Premier ministre Ousmane Sonko, afin d’évaluer la situation du Groupe SN La Poste. Face à une crise multidimensionnelle qui menace la survie de l’opérateur public, des mesures fortes ont été adoptées pour assurer sa pérennité et sa modernisation.
Depuis plus de dix ans, le Groupe La Poste traverse une crise profonde, marquée par une gouvernance défaillante, une concurrence accrue, un manque de modernisation et des déséquilibres financiers graves. Héritière de l’Office des Postes et Télécommunications, la société nationale et ses filiales (Postefinances et EMS Sénégal) ont vu leur performance se dégrader fortement.
Entre 2012 et 2021, les effectifs sont passés de 2 600 à plus de 4 100 agents, sans amélioration de la productivité, provoquant une hausse de la masse salariale de 40 % alors que le chiffre d’affaires reculait de 26 %. Cette situation a creusé un déficit structurel : à la fin 2024, les pertes cumulées dépassaient 100 milliards FCFA, les capitaux propres étaient négatifs à hauteur de 156 milliards et l’endettement devenait critique.
Par ailleurs, les dépôts des clients présentent un déficit de plus de 9 milliards, fragilisant la confiance. Les filiales ne sont pas épargnées : Postefinances affiche des capitaux propres négatifs et des cas de fraudes, tandis qu’EMS Sénégal a perdu des marchés clés.
L’état du parc automobile est préoccupant (80 % hors d’usage), impactant fortement les activités logistiques, notamment dans le contexte d’essor du e-commerce. Depuis octobre 2022, l’État prend en charge le paiement des salaires, pour un coût annuel estimé à 18 milliards FCFA.
Des mesures urgentes pour un redressement rapide
Le Premier ministre a adopté un plan structuré en deux phases : une phase de redressement immédiat (septembre à décembre 2025) suivie d’une phase de relance (2025-2029).
Principales mesures de redressement (2025) : recapitalisation rapide de La Poste pour restaurer ses fonds propres.
Mise à jour complète des états financiers et audit approfondi.
Rationalisation des effectifs avec un plan de départs négociés, tout en assurant la stabilité sociale.
Apurement des dettes fiscales et sociales, incluant une remise gracieuse de plusieurs milliards de FCFA.
Décaissement de 5 milliards FCFA par la Caisse des Dépôts pour stabiliser Postefinances.
Modernisation de la gouvernance, avec finalisation du Code des Postes.
Relance et modernisation : vers une Poste inclusive et numérique
La seconde phase s’appuie sur la valorisation du patrimoine immobilier et télécom, la création d’une banque postale d’ici 2029, et le développement du e-commerce national. Le gouvernement prévoit également :
Le renforcement des services d’EMS Sénégal, notamment pour le transport diplomatique.
La mise en place d’un service national de messagerie électronique certifiée.
L’encouragement à l’utilisation des services postaux par les administrations publiques.
Le développement de partenariats stratégiques avec le secteur privé et les acteurs régionaux.
Le plan vise à faire de La Poste un levier d’inclusion économique, sociale et numérique, en améliorant la bancarisation, la connectivité territoriale et la création d’emplois qualifiés, particulièrement dans les secteurs de la livraison, du e-commerce et des services financiers digitaux.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a appelé à une mobilisation collective pour réussir ce projet qui s’inscrit dans l’ambition d’un Sénégal juste, prospère et souverain.