
DETTE PUBLIQUE : OUMAR SARR APPELLE AU DIALOGUE AVEC LE FMI

S’exprimant sur l’annonce de la « dette cachée » par le gouvernement, Oumar Sarr a fait part de ses interrogations : « C’est la première fois que je vois ça, au niveau d’un pays qui a une démocratie », a-t-il déclaré, citant l’exemple des transitions gouvernementales en France où les révisions budgétaires ne font pas l’objet d’annonces spectaculaires.
L’ancien ministre s’interroge sur l’impact de cette communication : « Quand j’ai entendu M. Gemayel, le représentant du FMI au niveau de RFI, qui disait que probablement il y a quand même des erreurs, mais pour lui, même s’il y a des erreurs, ça ne vient pas de détournement. » Selon Oumar Sarr, le représentant du FMI aurait précisé que « probablement, le gouvernement du Sénégal voulait faire en sorte que les projets du pays ne coûtent pas cher. »
Concernant le taux d’endettement annoncé à 119% du PIB, l’ancien ministre propose une mise en perspective : « La France est aujourd’hui à 115%, ils étaient à 140%. Il y a beaucoup de pays qui dépassent la centaine », souligne-t-il. Il évoque les possibilités techniques d’amélioration, notamment le « rebasing » (recalcul de la base du PIB) : « Par exemple, le Niger, en juillet, avait eu 30% de moins par rapport à son PIB, en recalculant. » Pour lui, « on aurait pu travailler vraiment à trouver le bon taux d’endettement pour aider le pays. »
Soutien à l’approche présidentielle
Oumar Sarr salue les récentes déclarations du président de la République sur France 24, demandant au FMI d’accélérer les procédures. « Je pense que c’est une position raisonnable », estime l’ancien ministre, qui contraste cette approche avec celle de certains acteurs qui « chaque fois, presque insultent le FMI. » « On est dans une situation où on a besoin du FMI. On a besoin des financements. On a besoin de son accompagnement aussi pour pousser les autres partenaires à venir », rappelle-t-il.
L’ancien ministre des Mines défend le principe de l’endettement pour le développement : « Les grandes infrastructures, on ne peut pas les faire sans investissement important, sans endettement important. » Il rappelle les contextes historiques où « les taux d’endettement après les guerres mondiales, c’était à 600% quelquefois. »
Évoquant les perspectives du Sénégal, il souligne : « On a des ressources qui viennent, qui sont en train d’être exploitées. Donc, on a besoin du FMI. On a besoin de ceux qui nous aident à investir. »
Un équilibre à préserver
Tout en prônant la coopération, Oumar Sarr appelle à préserver les intérêts nationaux : « Il faut discuter avec le FMI, essayer d’aboutir à un programme acceptable pour les populations. On ne peut pas aussi donner un chèque blanc au FMI. » Il évoque également les initiatives continentales, mentionnant les « mobilisations au niveau de l’Afrique demandant l’annulation des dettes » et rappelant l’annulation partielle de 2005 qui « avait permis immédiatement de baisser le taux d’endettement d’au moins 10%. »
L’ancien ministre adopte une position pragmatique : « Moi, je pense qu’on n’aurait jamais dû avoir cette situation-là. Mais maintenant, il faut discuter avec le FMI », estimant nécessaire de dépasser les polémiques pour se concentrer sur les solutions.
Ces déclarations d’Oumar Sarr interviennent dans un contexte où le Sénégal poursuit ses négociations avec les institutions financières internationales pour finaliser un nouveau programme d’appui budgétaire, condition préalable à la mobilisation des financements des partenaires au développement.