La Guinée vient de décrocher sa première notation souveraine positive, un B+ avec perspective stable attribué par l’agence américaine Standard & Poor’s (S&P). Premier producteur mondial de bauxite et en plein essor dans le secteur du fer, le pays se hisse ainsi au-dessus de la moyenne africaine.

À l’inverse, le Sénégal a vu sa note rétrogradée : de B à B- chez S&P et de B1 à B3 chez Moody’s. Cette révision reflète les tensions budgétaires, un endettement jugé préoccupant et un climat politique marqué par des incertitudes.

Pourtant, cette évolution ne signifie pas que l’économie guinéenne devance celle du Sénégal. L’économiste Ibrahima Kaba rappelle que la notation souveraine « mesure le risque d’endettement et non la taille réelle de l’économie ou le niveau de vie ». Ainsi, si la Guinée affiche temporairement une meilleure note, « cela ne veut pas dire qu’elle surclasse le Sénégal sur tous les plans économiques » affirme l’économiste selon le quotidien l’Observateur.

L’analyste Seydina Oumar Sèye souligne, lui, le caractère fragile de cette performance. « La croissance guinéenne repose presque exclusivement sur le secteur minier, ce qui la rend volatile. C’est une parenthèse conjoncturelle », explique-t-il.

À ses yeux, le Sénégal conserve des atouts structurels solides. L’entrée en production prochaine des hydrocarbures, combinée au rebasing du PIB, « va transformer en profondeur l’économie nationale, attirer de nouveaux investissements et consolider la place du Sénégal comme hub économique en Afrique de l’Ouest ».

En clair, la rivalité économique entre Dakar et Conakry ne saurait se lire uniquement à travers les prismes des agences de notation. Si la Guinée récolte les fruits immédiats de ses richesses minières, le Sénégal mise sur une transformation structurelle de son économie, aux perspectives jugées plus durables.