
PATRIMOINE ARCHIVISTIQUE : UN ENJEU STRATÉGIQUE POUR LE SÉNÉGAL

À l’occasion de la Semaine internationale des archives, célébrée du 9 au 13 juin sous le thème « Archives accessibles : des archives pour tous.tes« , le Sénégal engage une dynamique ambitieuse pour moderniser la gestion de son patrimoine documentaire. La Journée nationale des archives, prévue ce vendredi à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, sera un moment clé de réflexion autour de la politique nationale des archives, portée par les nouvelles autorités.
Une volonté politique affirmée au plus haut sommet de l’État
Le chef de l’État, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a inscrit dès le début de son mandat la gestion des archives au rang de priorité nationale. Il a appelé, lors du Conseil des ministres du 12 juin 2024, à la mise en œuvre d’un programme structurant de conservation et de valorisation des archives du Sénégal. Ce programme prévoit notamment la construction d’une Maison des Archives moderne, la création de bibliothèques nationales, régionales et départementales, ainsi que le renforcement des ressources humaines dans les administrations publiques à travers le recrutement d’archivistes et de documentalistes qualifiés.
Dans la même dynamique, le Premier ministre Ousmane Sonko a souligné l’urgence de structurer le préarchivage dans les ministères et les agences publiques. Il a annoncé la création d’un comité interministériel chargé de coordonner la stratégie nationale de gouvernance des archives et de superviser l’ensemble des processus liés à leur traitement.
Une politique nationale tournée vers la performance, la transparence et l’accès public
La Journée nationale des archives, organisée par l’École des bibliothécaires, archivistes et documentalistes de l’UCAD en partenariat avec son laboratoire LARSIC, se déroulera autour du thème : La politique nationale d’archives pour une performance et transparence administratives et une préservation du patrimoine archivistique sénégalais. Le directeur des Archives nationales, Mohamed Lat Sack Diop, a souligné l’importance d’inscrire cette politique dans la logique de l’Agenda Sénégal 2050, qui promeut la souveraineté dans les domaines clés du développement national.
Il plaide pour l’adoption rapide des textes juridiques attendus depuis plusieurs années, notamment un décret pour la création effective d’un Conseil supérieur des archives, et un autre pour la mise en place de la Commission d’accès à l’information administrative et à la protection des données personnelles.
Numérisation, plateforme d’accès et nouvelle gouvernance documentaire
Sur le plan opérationnel, les Archives nationales poursuivent un vaste chantier de numérisation de leurs principaux fonds historiques, incluant ceux de l’Afrique occidentale française, du Sénégal colonial, de la Fédération du Mali et du Sénégal indépendant. Ce travail vise à la fois à sécuriser les documents et à faciliter leur consultation.
Dans ce cadre, une plateforme nationale de consultation des archives est en cours de développement. Elle offrira un accès plus large aux fonds numérisés, tout en prévoyant un encadrement rigoureux de l’accès aux documents sensibles.
En érigeant la souveraineté documentaire en pilier stratégique, le Sénégal affirme sa volonté de maîtriser sa mémoire collective, de moderniser son administration et de garantir un accès équitable à l’information publique. Une démarche essentielle pour une gouvernance plus transparente, plus performante et tournée vers l’avenir.