
RENCONTRE AVEC TRUMP : CHEIKH TIDIANE GADIO ALERTE SUR LE PIÈGE DU BILATÉRALISME DÉSORGANISÉ

Cheikh Tidiane Gadio a exprimé ses réserves quant à la rencontre prochaine entre les États-Unis et cinq pays africains, dont le Sénégal. Pour l’ancien ministre des Affaires étrangères, il est trompeur de qualifier cette réunion de “sommet Afrique–États-Unis”, car seuls cinq États sur 54 y sont conviés : Sénégal, Mauritanie, Guinée-Bissau, Sierra Leone et Gabon.
« Ce n’est pas un sommet africain. C’est un cercle restreint de pays atlantiques, choisis selon des logiques géopolitiques spécifiques », analyse-t-il.
Gadio alerte sur le risque d’un dialogue bilatéral éclaté, où chaque chef d’État serait reçu séparément par le président américain Donald Trump, ce qui affaiblirait la portée stratégique de la rencontre.
« L’Afrique ne peut plus continuer à avancer en ordre dispersé. Ce réflexe de la chevauchée solitaire nous rend vulnérables », déplore-t-il.
Il critique aussi une certaine forme de condescendance dans l’organisation de ce type de réunions, où les chefs d’État africains sont parfois interrogés en public, comme des élèves devant un professeur.
Pour lui, il est impératif que les dirigeants africains coordonnent leur position en amont et exigent des termes clairs sur les objectifs et les conditions de la rencontre.
« Face à un partenaire aussi imprévisible et transactionnel que Trump, il faut une ligne commune, réfléchie et solide. »
Gadio plaide ainsi pour une diplomatie africaine plus structurée, capable de défendre collectivement les intérêts du continent dans un monde dominé par les rapports de force.