Samba Sy estime que l’ancien président de la République reste omniprésent dans le débat public : « Le président Macky Sall est l’un des absents les plus présents dans notre pays. Quand les données ont changé, il a choisi de partir du Sénégal pour ne pas gêner les nouvelles autorités. »

Selon lui, les attaques répétées contre l’ancien chef de l’État ont motivé ses récentes sorties publiques : « Le fait que tous les jours, de manière récurrente, on le charge, on ne regarde pas ce qu’il a fait, on s’en accapare plutôt. Le fait que tout le temps on le charge, on le traque en essayant de s’en prendre à sa famille, à ses proches, à tous ceux qui l’ont approché, je crois que quelque part ça a pu le révulser. »

« Beaucoup d’arrestations, beaucoup d’abus »

Face aux évocations de poursuites judiciaires pour haute trahison, Samba Sy questionne les priorités : « Il y a déjà beaucoup de poursuites dans notre pays. Beaucoup d’arrestations, beaucoup d’abus, beaucoup d’agressions, beaucoup de paroles outrancières. »

L’ancien ministre du Travail interpelle : « Est-ce que ça change le quotidien des Sénégalais ? Est-ce que ça donne à manger à ceux qui ont faim ? Est-ce que ça permet à ceux qui veulent se soigner et qui n’ont pas les moyens de le faire, de se soigner ? Et est-ce que ça règle le problème des milliers de Sénégalais aujourd’hui qui sont dans les eaux, à Touba et dans la vallée ? »

Pour lui : « la reddition des comptes est tout à fait compréhensible et admissible. Le règlement de comptes, et surtout le règlement personnel de comptes, est sous tout rapport inacceptable. »

Une justice en question

Samba Sy cite l’exemple de la visite de la ministre de la Justice à la prison de Rebeuss pour illustrer ses craintes : « Madame le ministre de la justice est sortie de cette visite-là avec des papiers bien en main. Ce n’était pas une page, c’était des pages. Ce ne sont pas des sentiments d’une personne qui vient de sortir de prison et qui parle à cœur ouvert, mais c’était préparé et dit. »

Il poursuit : « Il y avait là une charge absolument abrupte et totale et complète vis-à-vis finalement de l’ancien régime. Quand vous avez cette perception-là des choses, quand vous avez cet état d’esprit en tant que dirigeant, je crois qu’il y a de l’inquiétude dans l’air. »

L’opposant distingue deux démarches : « Que la justice se fasse, que chacun rende compte, que les responsabilités soient clairement situées, nous en avons besoin pour évoluer en tant que pays. Qu’on affabule, qu’on attaque, qu’on agresse, qu’on tombe dessus sur les gens simplement parce qu’ils ont le malheur d’être de la famille d’eux ou d’avoir appartenu à ce régime, c’est tout rapport inacceptable. »

Évoquant la libération provisoire de l’ancien ministre Mansour Faye, Samba Sy dénonce : « Vous pensez que retenir quelqu’un dans les liens de la détention, parce qu’il s’appelle Mansour Faye, le mettre pendant quatre mois là-dedans, avec des charges aussi vénielles que celles-là, vous trouvez que c’est juste ? »

Un appel à la raison

Le coordonnateur du FDR conclut par un avertissement : « Méfions-nous des peuples qui semblent un peu en sommeil et qui sont agressés de toutes parts sans qu’au fond on n’entende rien. Ça n’a jamais été bon nulle part. Et ça commence à beaucoup faire. »

Son message final est clair : « Examinons les choses calmement et tranquillement et voyons la trajectoire de chacun, qui a quoi et qui possède quoi. Regardons les choses rentre au fond. Mais la chasse aux sorcières, la traque, le fait même de prendre en otage des familles parce qu’on vise une autre cible, je crois que ça, quand même, au Sénégal, dans un pays qui s’appelle le Sénégal, au XXIe siècle, c’est révulsant, c’est révoltant et ça ne peut pas donner du bon. »