
SÉNÉGAL – ARABIE SAOUDITE : SIGNATURE DU CONTRAT RENÉGOCIÉ POUR L’USINE DE DESSALEMENT DE LA GRANDE CÔTE

Le Gouvernement du Sénégal a franchi une nouvelle étape stratégique dans sa coopération avec le Royaume d’Arabie Saoudite à travers la signature du contrat renégocié pour la construction de l’usine de dessalement d’eau de mer de la Grande Côte, en partenariat avec la société saoudienne ACWA POWER.
Ce projet d’envergure, réajusté selon les intérêts fondamentaux du Sénégal, répond à la forte croissance des besoins en eau potable dans la zone stratégique Dakar–Thiès–Mbour (DMT), où se concentre 35 % de la population nationale et 55 % de l’activité économique du pays.
Une réponse durable à la demande en eau potable
Située à Tivaouane Peul–Niaga, près du Lac Rose, l’usine produira à terme 400 000 m³ par jour en deux phases, soit le double de l’usine KMS3. Le projet permettra de renforcer significativement l’approvisionnement en eau potable dans une zone densément urbanisée et économiquement vitale, regroupant : l’AIBD, les pôles urbains de Diamniadio, le Port de Bargny, des infrastructures sportives, des universités, hôpitaux, zones touristiques et logements sociaux.
Ce projet est inscrit dans l’Agenda Vision Sénégal 2050 et répond à une étude stratégique sur l’évolution des besoins en eau : ceux-ci passeront de 763 000 m³/j en 2025 à plus de 3 millions de m³/j en 2050.
Renégociation gagnante et rééquilibrée
Signé initialement le 27 mars 2024 sous le précédent régime, le contrat avait suscité des interrogations sur le coût à long terme et le prix du mètre cube d’eau dessalée. Sur instruction du Président Bassirou Diomaye Faye, une renégociation a été menée en septembre 2024. Elle a permis d’obtenir plusieurs avantages majeurs.
Le prix de vente de l’eau dessalée a été réduit, passant de 427 FCFA hors taxe le mètre cube à 389,8 FCFA. L’effort budgétaire de l’État s’en trouve allégé, passant de 20 à 40 milliards FCFA par an dans l’ancien contrat à 17,5 à 35 milliards FCFA dans la nouvelle version.
La capacité solaire a été doublée, passant de 150 à 300 MWc. L’excédent d’énergie sera revendu à la SENELEC à 18 FCFA/kWh, ce qui contribuera à réduire les coûts de l’eau et à générer des gains au bénéfice de l’entreprise nationale.



Autre innovation de taille, le Sénégal devient actionnaire dans le projet. La SONES intègre la société de gestion de l’usine (SPV-EAU), et la SENELEC celle des deux centrales photovoltaïques (SPV-ENERGIE). Le partenariat repose désormais sur un schéma plus équilibré, renforçant le rôle stratégique de l’État.
Par ailleurs, le nouveau contrat introduit un élargissement de la concurrence sur les prestations d’ingénierie, de construction et de maintenance, ainsi qu’un mécanisme de partage des gains réalisés sur les économies budgétaires obtenues.
Le financement est également revu, avec une part de prêts concessionnels portée de 33 % à 50 %, réduisant le coût global du projet pour l’État. Enfin, un mécanisme de remboursement est mis en place à travers les dividendes issus de l’actionnariat public.
Une procédure rigoureuse, un respect des lois sénégalaises
L’une des critiques majeures portait sur l’absence d’aval des organes de régulation dans la version initiale du contrat. Dans la version renégociée, toutes les étapes réglementaires ont été respectées. L’avis favorable de l’Unité Nationale d’Appui aux Partenariats Public-Privé (UNAPPP) et de la Direction Centrale des Marchés Publics (DCMP) a été obtenu.
Cette conformité renforce la crédibilité de l’ensemble du processus et répond aux exigences de transparence et de légalité du gouvernement.
Une ambition environnementale affirmée
Le projet comprend une Étude d’impact environnemental et social (EIES), un Plan de Gestion Environnementale et Sociale (PGES), et un Plan d’Action de Réinstallation (PAR). Il permettra également de préserver les nappes souterraines menacées de la presqu’île de Dakar, grâce à un plan de sauvegarde des nappes qui réduira leur surexploitation et empêchera l’intrusion du biseau salé.
La diversification des sources d’approvisionnement en eau potable, notamment via le dessalement, devient ainsi une réponse structurante aux défis posés par le changement climatique et la croissance démographique.
Coopération stratégique avec l’Arabie Saoudite
Ce projet illustre la qualité du partenariat entre le Sénégal et le Royaume d’Arabie Saoudite, fondé sur un héritage religieux, historique et économique. Le fonds saoudien d’investissement, partenaire d’ACWA Power, confirme par cet appui sa volonté d’accompagner les grands projets structurants du Sénégal.
La renégociation a été conduite dans un esprit de respect mutuel, de consolidation des liens bilatéraux et de préservation des intérêts nationaux, comme l’a souligné le chef de l’État lors de la réception du président d’ACWA Power à Dakar.
Le nouveau contrat marque une avancée significative vers une gestion plus souveraine, efficace et durable de l’eau au Sénégal. Il s’agit d’un modèle innovant de partenariat public-privé (PPP), qui combine expertise technique, maîtrise budgétaire et respect des normes nationales.