
CRISE À BISSAU : EMBALÓ ARRÊTÉ ALORS QUE LES RÉSULTATS ÉLECTORAUX SE FONT ATTENDRE

À vingt-quatre heures de la proclamation officielle des résultats, la Guinée-Bissau a replongé, mercredi, dans une nouvelle crise politico-militaire. Des tirs ont retenti en milieu de journée près du palais présidentiel, avant que le chef de l’État sortant, Umaro Sissoco Embaló, n’annonce lui-même avoir été arrêté par une partie de l’armée. Une séquence qui fait ressurgir les vieux démons d’un pays coutumier des coups de force.
Le président arrêté dans son bureau
Selon les informations de Jeune Afrique, confirmées par plusieurs témoins, Umaro Sissoco Embaló a été interpellé vers midi alors qu’il se trouvait dans son bureau au palais. Avec lui, les plus hauts gradés du commandement militaire ont été arrêtés : le chef d’état-major général, le général Biague Na Ntan, son adjoint, le général Mamadou Touré, ainsi que le ministre de l’Intérieur, Botché Candé.
Le président, qui dit ne pas avoir subi de violence, accuse le chef d’état-major de l’armée de terre d’être à la tête de ce qu’il qualifie de « coup d’État ». Dans la capitale, des hommes en treillis ont pris position sur les axes stratégiques, notamment la principale artère menant au palais.
Tirs autour des institutions
Plusieurs sources rapportent des coups de feu aux abords de la présidence, de la commission électorale et du ministère de l’Intérieur. La situation s’est ensuite stabilisée, mais demeure extrêmement volatile. Entre passants cherchant refuge et habitants tentant malgré tout de poursuivre leurs activités, la capitale est restée dans un climat d’incertitude tout l’après-midi.
Un porte-parole de la présidence, cité par Reuters, affirme que des hommes armés non identifiés auraient attaqué les locaux de la commission électorale pour empêcher la proclamation des résultats.
Rivalités électorales en pleine tension
La crise survient trois jours après la présidentielle du 23 novembre. Umaro Sissoco Embaló assurait avoir remporté le scrutin dès le premier tour avec 65 % des suffrages, selon son propre décompte. Mais son adversaire, Fernando Dias Da Costa, soutenu par le puissant PAIGC, revendiquait lui aussi la victoire.
Les résultats officiels sont attendus ce jeudi 27 novembre. Leur publication devait déjà être scrutée de près, tant le pays est habitué aux contentieux post-électoraux. La dernière présidentielle, en 2019, avait débouché sur plusieurs mois de bras de fer entre Embaló et Domingos Simões Pereira.
Un pays habitué aux coups de force
Depuis son indépendance, la Guinée-Bissau a connu neuf coups d’État ou tentatives de putsch. Embaló lui-même avait déjà échappé à une tentative en 2023. La journée de mercredi confirme que la transition politique reste, plus que jamais, sous très haute tension.





