Le Président Bassirou Diomaye Faye a ouvert le Forum africain sur les systèmes alimentaires 2025 en appelant à une transformation profonde de l’agriculture africaine. Il a insisté sur le rôle central de la jeunesse, la modernisation des outils de production et la nécessité d’investissements conséquents pour atteindre la souveraineté alimentaire.

Le Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a présidé ce lundi à Dakar la cérémonie d’ouverture du Forum africain sur les systèmes alimentaires 2025. Dans son discours, il a dressé un constat sans détour sur la fragilité des systèmes agricoles africains et a appelé à une mobilisation collective pour une transformation durable du secteur, centrée sur l’innovation, l’inclusion et surtout la jeunesse.

Saluant le courage de millions de femmes et d’hommes qui, à travers le continent, s’activent dans les champs en cette période de saison des pluies, le chef de l’État a souligné la précarité persistante de l’activité agricole. Selon lui, la majorité des producteurs dépendent encore de moyens rudimentaires et de quelques mois de précipitations aléatoires pour nourrir leurs familles toute l’année. Une situation qu’il lie directement aux effets du changement climatique et à l’absence de mécanismes de production modernes.

Le président Faye a rappelé que ces limites structurelles, faibles rendements, pertes post-récoltes élevées, dépendance à la pluviométrie, freinent l’atteinte de la sécurité alimentaire sur le continent. En s’appuyant sur le dernier rapport de la FAO publié en 2024, il a indiqué que plus de 700 millions de personnes ont souffert de la faim dans le monde en 2023, une large proportion d’entre elles vivant en Afrique. Et si rien n’est fait, a-t-il alerté, plus de 500 millions de personnes seront encore sous-alimentées de manière chronique d’ici 2030, dont la moitié en Afrique. Des chiffres alarmants qui menacent gravement l’objectif « Faim Zéro » inscrit dans les Objectifs de développement durable.

Pourtant, l’Afrique ne manque pas d’atouts. Le continent dispose d’environ 65 % des terres arables non exploitées dans le monde, de ressources hydriques importantes, et d’une population jeune dont 60 % a moins de 25 ans. À l’horizon 2050, la population africaine devrait atteindre 2,5 milliards d’habitants, dont 600 millions de jeunes supplémentaires en âge de travailler. Pour le président Faye, cette jeunesse représente une force majeure qui doit être au cœur des politiques de développement agricole. Il a salué à ce titre la pertinence du thème du forum : « Jeunesse, fer de lance de la collaboration, de l’innovation et de la transformation des systèmes alimentaires ».

Le Président a appelé à un changement de paradigme, insistant sur l’urgence d’offrir à cette jeunesse une formation adaptée aux exigences d’une agriculture moderne, intensive et durable. Il a également plaidé pour l’implication des jeunes dans la formulation même des politiques agricoles. Mais au-delà de la formation, a-t-il précisé, c’est tout l’écosystème agricole qui doit être repensé et soutenu par des investissements massifs.

Parmi les pistes de transformation évoquées figurent la modernisation des outils et méthodes de production, le développement de semences adaptées au climat, la maîtrise de l’eau, la valorisation locale des produits agricoles par la transformation, ainsi que la digitalisation du secteur. Il a aussi rappelé l’importance de respecter les engagements pris à Maputo en 2023, notamment l’allocation d’au moins 10 % du budget national à l’agriculture.

Revenant sur le cas du Sénégal, le président Faye a mis en avant plusieurs initiatives de son gouvernement, notamment la promotion des Coopératives Agricoles Communautaires, la réforme de la loi sylvopastorale, une nouvelle régulation des importations agricoles, ainsi que des mesures de transparence dans la gestion des intrants. Il a également cité les investissements dans le stockage des récoltes, la mécanisation, et la politique de maîtrise de l’eau.

À l’occasion, le Président Bassirou Diomaye Faye a réaffirmé sa conviction que la souveraineté alimentaire, la croissance économique et le bien-être des populations africaines passent nécessairement par la transformation en profondeur des systèmes agricoles, avec la jeunesse comme moteur et l’action concertée comme méthode.