Lors du débat sur la mise en accusation de cinq anciens ministres devant la Haute cour de justice, le député Guy Marius Sagna, membre de la coalition au pouvoir, a livré une intervention incisive, centrée sur la responsabilité collective dans les dérives du système administratif et politique sénégalais.

« L’impunité des grands entraine l’incivisme des petits », a-t-il déclaré en préambule, dénonçant un laisser-aller généralisé qui aurait permis la prolifération de scandales dans l’administration publique. Selon lui, la corruption et les détournements de fonds n’ont pas été le fait de ministres isolés, mais ont souvent bénéficié de la complicité active ou passive de certains fonctionnaires.

« Quand ces ministres détournaient de l’argent, c’était avec la complicité de fonctionnaires qui ont fermé les yeux parce qu’ils en profitaient aussi », a-t-il accusé, appelant à un assainissement profond de la fonction publique et à une introspection nationale. Pour Guy Marius Sagna, la responsabilité des dérives ne repose pas uniquement sur l’ancien président Macky Sall, mais aussi sur « des agents publics qui ont trahi leur mission ».

Il a également interpellé la société civile, critiquant la pression sociale qui pousse les citoyens à solliciter constamment des ministres pour des dépenses personnelles : baptêmes, mariages, décès, parrainages. « Où vont-ils trouver cet argent ? », a-t-il lancé, suggérant que cette attente généralisée participe à l’enracinement de pratiques clientélistes et corruptrices.

S’adressant au représentant du gouvernement, il a lancé un avertissement clair à la nouvelle équipe dirigeante : « Ce que nous faisons aujourd’hui, ce n’est pas uniquement pour solder le passé, c’est un message pour les nouvelles autorités. Qu’ils sachent que même pour deux climatiseurs ou deux biscuits, nous n’hésiterons pas à poursuivre. »

En réaffirmant l’engagement pour une gouvernance fondée sur la justice, la vérité et l’exemplarité  « jub, jubeul, jubanti », selon les termes de la campagne présidentielle, Guy Marius Sagna invite le Sénégal à rompre définitivement avec la culture de l’impunité, tout en engageant l’ensemble des citoyens à une refonte éthique du rapport au pouvoir et à l’argent public.