
RAFFINAGE DU BRUT DE SANGOMAR : ENTRE DÉFIS DE RENTABILITÉ ET PARI SUR LA SAR 2.0

La Société africaine de raffinage (SAR) a marqué un tournant en février dernier en traitant 650 000 barils de brut de Sangomar, démontrant sa capacité technique à raffiner le pétrole sénégalais. Mais pour Mamadou Abib Diop, directeur général de la SAR, les défis demeurent.
En effet, le brut de Sangomar offre un rendement riche en fuel, un produit destiné en priorité à la SENELEC mais générant très peu de marge pour la SAR. « Nous sommes obligés d’approvisionner le pays, parfois à perte. Il est même plus rentable d’importer du brut nigérian que d’acheter localement », a-t-il reconnu, rappelant que l’entreprise achète au prix du marché sans bénéficier de décote ni de prix préférentiel.
Cette situation relance la question des contrats pétroliers, jugés « non optimaux ». Une commission a été mise en place pour renégocier certains accords stratégiques, avec l’objectif de défendre les intérêts nationaux. « Les ressources naturelles appartiennent au peuple. Leur exploitation doit améliorer les conditions de vie », a insisté M. Diop.
Face à ces limites, l’avenir se joue autour du projet SAR 2.0, une deuxième raffinerie dotée de technologies modernes (hydrocracking, désulfuration). Ce projet permettrait non seulement d’optimiser le raffinage du brut sénégalais, mais aussi de couvrir 100 % des besoins du marché national, voire d’exporter.
Malgré un endettement public estimé à 119 % du PIB, plusieurs investisseurs étrangers ont manifesté leur intérêt pour financer intégralement SAR 2.0 « sans garantie souveraine », preuve selon le DG de la confiance suscitée par la transparence et la stabilité politique du Sénégal.
« Avec SAR 2.0, nous pourrons transformer pleinement notre pétrole, maximiser les retombées économiques et renforcer la souveraineté énergétique du pays », conclut Mamadou Abib Diop.