Au lancement du SALTIS 2025, Wedji Kane, coordinatrice générale de l’événement, a insisté sur la nécessité pour le Sénégal de maîtriser l’IA et de la rendre utile, inclusive et accessible à tous.

Le Musée des Civilisations Noires de Dakar a servi de cadre symbolique à l’ouverture du SALTIS 2025, un rendez-vous désormais incontournable de l’intelligence artificielle en Afrique francophone. Prenant la parole devant les autorités, partenaires, experts et participants, Wedji Kane, Coordinatrice Générale du SALTIS et cofondatrice de l’Institut des Algorithmes du Sénégal (IAS), a livré un discours fort, ancré dans les défis contemporains et les ambitions technologiques du pays.

Dès l’entame de son intervention, Wedji Kane souligne la portée symbolique du lieu : un espace conçu pour rappeler que « l’Afrique doit toujours garder le lien entre ce qu’elle hérite… et ce qu’elle invente ». Un message clair : l’intelligence artificielle ne doit pas être importée sans réflexion, mais s’inscrire dans une continuité culturelle et intellectuelle faisant écho aux savoirs africains.

La coordinatrice rappelle que l’IA n’est plus un horizon lointain. Elle s’impose dans tous les secteurs : éducation, santé, agriculture, entreprises, services publics, et jusque dans la vie domestique. Dans ce contexte, la responsabilité des États et des sociétés devient cruciale : « faire en sorte que ces technologies restent utiles, responsables, inclusives, et surtout humaines », affirme-t-elle.

SALTIS : l’alliance entre générations comme moteur d’action

L’un des points forts de son allocution est l’hommage rendu aux aînés :

si le SALTIS est porté par une jeune équipe, celle-ci avance grâce à l’expérience et aux conseils de ses prédécesseurs. Une dynamique intergénérationnelle présentée comme essentielle pour garantir la cohérence et la continuité des avancées technologiques du pays.

En seulement trois éditions, le SALTIS s’est imposé comme un espace de réflexion, de formation et d’action.

Wedji Kane rappelle l’impact concret du PAS Challenge, qui a permis à plusieurs startups et jeunes innovateurs de proposer des solutions utiles au Sénégal et à la région.

Le réseau international du SALTIS ne cesse également de s’élargir : experts de la diaspora, acteurs du Maghreb, d’Europe, d’Amérique… une diversité qui enrichit les travaux et donne au Sénégal une voix singulière dans les débats mondiaux sur l’IA.

Au programme : conférences, ateliers et transmission

Pendant deux jours, les participants bénéficieront d’un ensemble riche et varié d’activités : démonstrations, tables rondes, ateliers pour enfants, rencontres avec experts et chercheurs.

Mais Wedji Kane insiste : « Le SALTIS ne s’arrête pas après ces deux jours ».

Tout au long de l’année, l’équipe poursuit une mission d’acculturation dans les écoles, entreprises, universités et administrations. Objectif : comprendre avant d’utiliser, maîtriser avant de réguler.

L’un des temps forts de l’ouverture est la présentation du Livre Blanc du Comité Scientifique du SALTIS 2025, un document stratégique contenant recommandations et pistes d’action.

Wedji Kane assure que ce travail se prolongera dans les institutions, là « où les lois se font et où les politiques publiques se construisent ».

Elle alerte également sur les évolutions technologiques à venir : convergence IA-biotechnologies, avancées quantiques, enjeux de souveraineté. Et pose une question essentielle : « Quel sera notre levier ? Nos terres rares ? Notre démographie ? Ou nos savoirs enfouis ? »

Le PAS Challenge au service des JOJ Dakar 2026

Cette édition du PAS Challenge se concentre sur les enjeux liés aux Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026. Les projets finalistes seront dévoilés le lendemain, illustrant l’ingéniosité et l’engagement d’une jeunesse prête à contribuer à la réussite du premier événement olympique organisé sur le sol africain.

Wedji Kane a également annoncé le lancement de CANAL’IA, la première caravane nationale de l’intelligence artificielle, qui sillonnera le Sénégal dès janvier 2026. Objectif : rapprocher la technologie du terrain, notamment dans les régions et communes, afin de renforcer l’appropriation citoyenne et professionnelle de l’IA.

Un appel à la mobilisation collective

La coordinatrice a tenu à remercier les partenaires du SALTIS et à encourager la jeunesse à « expérimenter, douter, créer ».

Elle conclut son discours sur une note personnelle et forte : comme femme et mère, elle dit œuvrer pour que les enfants d’aujourd’hui deviennent des acteurs éclairés des technologies de demain et non de simples utilisateurs passifs.

« Si nous ne faisons pas le nécessaire, d’autres choisiront les mondes dans lesquels vivront nos enfants. »

SALTIS 2025 s’ouvre ainsi sur une vision ambitieuse : une Afrique qui ne se contente pas de suivre la révolution technologique, mais qui y participe pleinement, avec lucidité, responsabilité et audace.