La page Me Augustin Senghor est officiellement tournée. Après seize années passées à la tête de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF), c’est Abdoulaye Fall qui hérite du brassard présidentiel, au terme d’une assemblée générale élective tendue et riche en rebondissements. Fort d’une large coalition et de solides appuis dans les arcanes du foot local, il a su déjouer tous les pièges pour s’imposer au second tour avec 321 voix, contre 30 pour son rival Mady Touré, qui s’est finalement retiré en dénonçant des soupçons de corruption.

Un premier tour à suspense, un second plié d’avance

Avec 301 voix sur 509 bulletins valides, Abdoulaye Fall a largement dominé le premier tour, sans pour autant franchir la barre fatidique des 50 % +1 exigée par les statuts de la FSF. Derrière, Mady Touré récolte 116 voix, Me Augustin Senghor 92, tandis qu’Oumar Ndiaye (1 voix) et Aliou Goloko (0) ferment la marche.

Mais le véritable tournant, c’est la dégringolade du président sortant. Malgré son palmarès étoffé – CAN 2021, deux Coupes du monde consécutives, et un renforcement de l’institution – Me Senghor n’a pas résisté à l’appel du changement. Son score modeste sonne comme un désaveu.

Une AGE sous haute tension

Le décor de cette élection n’avait rien d’une formalité administrative. L’ambiance était électrique dès l’ouverture des travaux, entre débats houleux sur le mode de scrutin et intervention musclée des forces de l’ordre pour calmer les esprits. La salle, divisée entre partisans d’un vote global et adeptes d’un scrutin poste par poste, a été le théâtre d’un vrai bras de fer politique.

Une victoire construite en amont

Loin d’un simple exploit d’un soir, le sacre d’Abdoulaye Fall est le fruit d’un maillage stratégique finement tissé. Adossé à une coalition hétéroclite mais redoutablement efficace, Fall a pu compter sur l’influence d’Abdoulaye Seydou Sow, Cheikh Seck, Elimane Lam, et sur le soutien massif des ligues régionales, notamment Fatick, Thiès, Ziguinchor et Casamance.

La percée de Kosso Diané à la Ligue Amateur a également joué en sa faveur, affaiblissant le camp Senghor et rééquilibrant les rapports de force.

Mady Touré, l’outsider aux idées fortes

Candidat malheureux mais influent, Mady Touré quitte la course avec la tête haute. Son attelage comptait des profils respectés comme Babacar Ndiaye et Jamil Faye, garants d’une vision réformatrice du football sénégalais. Mais faute de relais puissants dans les ligues, son camp s’est essoufflé au moment décisif.

Un passage de témoin historique

La défaite de Me Augustin Senghor symbolise la fin d’un cycle. Vainqueur sur le plan sportif mais fragilisé politiquement, l’homme fort de Gorée n’a pas su convaincre pour un nouveau mandat. Son successeur hérite d’un héritage lourd, mais aussi d’un football sénégalais en pleine ascension.

Le coup d’envoi est désormais donné pour Abdoulaye Fall. Reste à voir s’il saura transformer son plébiscite en résultats concrets sur le terrain, dans les clubs, les ligues et jusqu’aux plus hautes sphères du football mondial. Une chose est sûre : le match du renouveau est lancé.