
« LE MALI DOIT ÊTRE POUR LE SÉNÉGAL UN DOSSIER TRÈS, TRÈS IMPORTANT » : IBRAHIMA KANE APPELLE À UNE RÉPONSE RÉGIONALE CONCERTÉE

Pour Ibrahima Kane, la situation au Mali ne relève plus seulement d’un enjeu sécuritaire interne : elle concerne directement le Sénégal et menace son équilibre économique. Sur le plateau de la RTS, le spécialiste des institutions africaines a rappelé l’étroite interdépendance entre les deux pays, héritée de l’histoire mais surtout visible dans les échanges commerciaux. Selon lui, près de 80 % du flux économique sénégalais se dirige vers le Mali, tandis que le port de Dakar tire plus de la moitié de son activité de ce corridor. Toute perturbation prolongée de ce lien fragiliserait donc l’économie nationale.
Ibrahima Kane décrit une crise malienne devenue structurelle, où les groupes djihadistes exercent une pression croissante sur les grandes villes, mettant l’État malien en difficulté. Dans ce contexte, il estime que le Sénégal doit renforcer son engagement diplomatique, en mobilisant à la fois les autorités étatiques et les acteurs traditionnels, dont les familles sénégalo-maliennes historiquement influentes. La désignation du professeur Abdoulaye Bathily comme envoyé spécial pour le Sahel s’inscrit, selon lui, dans cet effort.
Interrogé sur le départ du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO au profit de l’AES, il relativise la rupture. Les trois États restent membres de l’UEMOA, ce qui maintient les passerelles économiques essentielles. Il appelle toutefois à un travail de reconstruction de la confiance pour envisager un retour progressif au cadre communautaire ouest-africain.
Enfin, abordant le sommet Union africaine – Union européenne, Ibrahima Kane souligne les déséquilibres persistants dans les relations entre les deux continents. Il cite les nouvelles législations européennes sur le carbone ou la déforestation, jugées préjudiciables aux économies africaines, et appelle à une position africaine plus cohérente et mieux affirmée dans les forums internationaux.





