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RÉFORMES ÉCONOMIQUES : IBRAHIMA KANE INVITE L’ÉTAT À CONCILIER MOBILISATION DES RESSOURCES ET JUSTICE SOCIALE

a-la-une
23 nov. 2025
a-la-une

Invité de l’émission Point de Vue, le juriste spécialiste des institutions africaines, Ibrahima Kane, a livré une analyse nuancée de la situation économique du Sénégal, marquée par l’attente d’un nouveau programme du FMI et le poids des dettes cachées. Sans se présenter comme économiste, il a néanmoins posé un regard critique sur les priorités actuelles du débat public, estimant que la dette, bien qu’abyssale, ne doit pas occulter les autres urgences qui plombent le quotidien des Sénégalais.

Pour lui, la crise économique dépasse largement la question des 130 % du PIB de dette. Le pays, rappelle-t-il, fait face à un chômage massif, en particulier chez les jeunes, alors même que l’exploitation du pétrole et du gaz ne génère pas encore les retombées attendues. Ibrahima Kane souligne que près de 300 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail et que l’espoir placé dans l’actuel gouvernement tient précisément à sa capacité à leur offrir des perspectives. Il reconnaît l’existence de jalons stratégiques, notamment le plan Sénégal 2050 et la stratégie numérique, mais regrette l’absence de déclinaisons opérationnelles capables de produire des emplois en masse.

Interrogé sur le plan de redressement et l’orientation vers les ressources internes, il salue les efforts de transparence mis en place depuis quelques mois. Le fait de disposer chaque trimestre d’une photographie de l’économie nationale constitue, selon lui, un progrès en termes de gouvernance. Mais il estime que la stratégie fiscale doit être maniée avec prudence. Dans un pays où près de 80 % de l’activité relève de l’informel, multiplier les taxes sans concertation ni pédagogie revient à créer des résistances et à fragiliser les petites unités économiques. Il note d’ailleurs que plusieurs mesures annoncées n’ont pas été appliquées, preuve selon lui que les autorités mesurent désormais le risque politique d’une fiscalité trop brutale.

Ibrahima Kane insiste sur la nécessité d’un équilibre : l’État doit retrouver des ressources, mais pas au détriment des plus modestes. Il rappelle que « tout le monde tire le diable par la queue » et qu’un vendeur ambulant, une gargotière ou un petit commerce ne peuvent absorber des charges fiscales mal calibrées. Développer un civisme fiscal demeure indispensable, mais encore faut-il que l’État montre l’exemple.

C’est à ce niveau qu’il pointe la responsabilité historique de la classe politique. Les gouvernements successifs, dit-il, portent une part du fardeau de l’informalité croissante, faute d’avoir construit une véritable économie structurée. Il reproche également certaines pratiques persistantes, comme la multiplication des postes de présidents de conseils d’administration, qu’il estime superflus et coûteux. Pour lui, la rationalisation du train de vie de l’État doit être visible et immédiate : fin des dépenses ostentatoires, réduction du nombre de véhicules de luxe et abandon des symboles d’un « État bling-bling ». Sans ce signal fort, il sera difficile de demander des efforts à la population.

Il conclut en rappelant que le pays a confié sa destinée à une génération jeune, porteuse d’ambitions pour le Sénégal. Mais cette transformation attendue doit d’abord s’exprimer par l’exemplarité au sommet : « Si l’État change, les citoyens suivront. »

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